Sourire ou mourir !

Rien n’est réel,
rien n’est vrai,
tout est pensée,
il suffit de travailler les expressions de son corps,
il suffit de penser autrement pour que la réalité change,
etc….
c’est du délire !
Voilà l’essentiel de la pensée positive, bien plus répandue qu’il n’y parait. Cette idéologie du bonheur à tout prix mène les hommes à leur perte.
La vidéo de Barbara Ehrenreich ci-dessous l’illustre à la perfection

Freud entretient des soupçons sur la question génétique du suicide….

Le suicide est-il génétique ?

Pouvons-nous le recevoir en héritage de nos parents ?

Est-il possible de le transmettre à nos enfants ?

Freud s’est montré assez radical quand à cette hérédité des névroses. Il estime que la névrose peut en effet se « transmettre ». Mais, pas par les gènes !

Par identification !

Lire la suite

Visuel de statistiques

Voici un visuel qui résume un certain nombre de statistiques à propos du suicide. Il est clair, simple et éloquent. Mais, il est aussi très américain, sexiste et raciste. Les présupposés sont génétiques et évolutionnistes. Mon opinion est donc qu’il s’agit de propagande sanitaire type OMS !

statistiques visuel

Le lien entre arrêt de travail et suicide

L’équipe du Dr Maria Melchior, de l’Inserm, vient de sortir une étude baptisée Gazel. Cette étude porte sur les agents EDF et GDF. La question est de savoir quel est le lien entre les arrêts de travail et leur santé. Il apparait que les pathologies psychiatriques et le suicide sont très présents au cours de ces arrêts de travail. Mais les questions posées ne sont pas les bonnes.
Cette étude est assez conséquente : depuis 1989 et portant sur près de 20 000 employés. Elle est « prospective », c’est-à-dire que les chercheurs sont censés ne pas avoir d’à priori, qu’ils recueillent les infos au fur et à mesure au cours des années, puis font le point à la fin. En principe, si de nouvelles questions se posent en cours de route, elles sont exclues puisqu’elles n’ont pas été évoquée au début de l’étude. C’est l’inconvénient de ce système.
Par exemple, si l’on en vient à suspecter le rôle du nouveau management dans l’apparition des maladies, et bien ce problème ne fera pas partie de l’étude.
Un autre exemple de question que ce genre d’étude ne pourra jamais se poser : la séparation des deux entreprises en EDF et GDF. Comment la nouvelle répartition des agents et la façon dont elle est décidée peut-elle peser sur les agents. Ne serait-il pas concevable qu’une nomination imposée à un endroit qui ne vous convient pas vous pousse à l’acte ?
En somme c’est assez simple la statistique : en limitant les questions à poser, on évite de se lancer dans les réponses foireuses !
Ceci dit, les résultats paraissent bien modestes. Oui, c’est vrai, on se suicide beaucoup parmi les agents absents. On en meure même beaucoup…
Mais, restons « prudents », le Dr Melchior se garde bien de « conclure que l’arrêt de maladie pour raisons psychiatriques est la cause du décès par le suicide », n’est-ce pas. Il s’agirait de ne pas mettre en cause l’organisation du travail, ce serait trop grave…
Alors dans ces conditions, à quoi cela peut-il servir d’avoir un « marqueur important et fiable de l’état de santé des personnes », si c’est pour fermer les yeux sur les questions qui fâchent ?

Les bracelets électroniques poussent à l'acte

Sarkozy devant les équipes de l’hôpital psychiatrique qu’il visitait (Antony, le 2 12 2008) : « Certains patients hospitalisés sans consentement seront équipé d’un système de signalement électronique qui, si cela se produit, déclenchera une alerte ».
Les bracelets électroniques sont présentés comme la panacée de la prévention des passages à l’acte dangereux. L’idée est la suivante : pas d’acte dangereux qui ne soit localisable ni datable.
Et bien, c’est dangereux !!!!!
Voyez le sort des prisonniers porteurs du dit bracelet.
Grâce à Bakchich, nous apprenons la réalité de ces bracelets.  » Au 1er janvier 2009, il y avait, selon l’administration pénitentiaire, 3431 personnes placées sous surveillance électronique. (…) Depuis le début de sa mise en application en 1997, 20 titulaires d’un bracelet électronique se sont suicidés. Un chiffre à confirmer, mais à prendre au sérieux puisqu’il est lâché au détour de la conférence par Martine Lebrun, magistrate et présidente de l’Association Nationale des Juges de l’Application des Peines (ANJAP, février 2009) « .
Lisez cet article de Bakchich: vous comprendez ce qu’implique un bracelet électronique une fois le détenu de retour dans sa famille. C’est un objet vécu sur le mode de l’intrusion d’un corps étranger dans l’intimité du sujet et de son entourage.
Quelles en sont les leçons ?

  1. 20 suicide sur 3431 personnes porteuses du bracelet = 1 suicide pour 200 !
  2. Le port du bracelet est un facteur de passage à l’acte
  3. la prévention du suicide passe par le fait de ne pas avoir à porter de bracelet

Conclusion: si le bracelet électronique pousse à l’acte, la meilleure prévention est de le retirer !

La police judiciaire de Paris enquête sur les suicides chez Orange France Telecom

La police judiciaire de Paris, soit la brigade de répression de la délinquance à la personne, est saisie par le parquet de Paris, de l’enquête sur les suicides chez France Telecom Orange.
En avril 2010, le parquet de Paris avait ouvert une instruction judiciaire contre France Telecom – Orange, après le signalement de S. Catala, inspectrice du travail, auprès du procureur de Paris, pour infractions aux dispositions de l’article L1152-1 et L1152-2 du code du travail: méthodes de gestion caractérisant le harcèlement moral, en application de l’article 40 du code procédure pénal. Nous avions commenté cette décision en son temps.

orange

Entre-temps, le nouveau Président-Directeur Général (PDG) du groupe France Télécom, Stéphane Richard, a décidé de requalifier en juillet 2010, un suicide de juillet 2009, en accident du travail. Non sans un très opportuniste cynisme : cette requalification viserait à « remettre l’humain dans l’action »…..
Un point de législation sur le suicide considéré comme accident du travail
Les reportages de Daniel Mermet dans « là-bas si j’y suis » sur « Orange stressée »
Commentaire sur RTL sur l’enquete de la PJ
Annonce de la décision parquet de Paris
Annonce de requalification par le PDG

Et la mort ?

Revue Adolescence, n° 72, juillet 2010
Articles du colloque de Lyon de juin 2009, coordonné par les Professeurs Yves Morhain et René Roussillon. Le thème a été souvent abordé de façon dispersée dans la Revue Adolescence (cf. Attaques du corps, 2004 Tome 22 n°2), il cherchera ici les idées centrales à l’argumentation.

Sommaire :

René Roussillon Précarité et vulnérabilité identitaires

Yves Morhain Le spleen adolescent

Bernard Duez Mort nécessaire, mort suffisante

Isée Bernateau « Mourir d’amour »

Vincent Di Rocco Goûter la saveur de la mort

S. Flémal, A. Lefèbvre Entre mort, délire et création

Charles Gheorghiev Geste de survie

Florian Houssier Impasse des voeux parricides

É. Morhain, Y. Morhain Le « violon »

Catherine Weismann-Arcache Penser la mort pour rêver d’amour

F. Sauvagnat, P. Bonny Prises de risques vis-à-vis du VIH

David Le Breton Les jeux d’étranglement

Christine Condamin Martyrs et meurtriers chez Mishima

Laurie Laufer Édouard Levé, anatomie d’un suicide

Béatrice Vandevelde Corentin

Marie Windels Blogueuses pro-ana

Alexandra Triandafillidis Stratégies d’immortalité



Consultations "Souffrance au travail " en France

Qu’est-ce qu’une consultation « souffrance et travail » ?
Lire l’article de présentation de Valérie Tarrou qui donne le détail des explications nécessaires pour en savoir un peu plus
Cliquer sur ce lien pour obtenir la liste et les adresses des consultations « Souffrance au travail  » en France

Le suicide dans les textes de Freud

Voici les principales références de Freud au suicide dans ses textes. Je compte compléter cette page au fur et à mesure. Certains de ces textes font l’objet d’un commentaire dans ce blog.

Vous pouvez m’envoyer un mail si vous souhaitez me recommander une référence

Freud S., « Manuscrit N » (31 mai 1897), Naissance de la psychanalyse, 1956

« Les pulsions hostiles à l’endroit des parents (désir de leur mort) sont également partie intégrante des névroses. Elles viennent consciemment au jour sous la forme d’idées obsessionnelles. Dans la paranoïa, les délires de persécution les plus graves (méfiance pathologique à l’égard des chefs, des monarques) émanent de ces pulsions. Elles se trouvent refoulées dans les périodes où les sentiments de pitié pour les parents l’emportent – au moment de leurs maladies, de leur mort. Dans le deuils, les sentiments de remords se manifestent, alors on se reproche leur mort (c’est ce que l’on décrit sous le nom de mélancolies) ou bien l’on se punit soi-même sur le mode hystérique, en étant malades comme eux (idée de rachat). L’identification n’est alors, comme on voit, qu’un mode de penser et ne nous délie pas de l’obligation de rechercher les motifs », p. 183.

« Le mécanisme de la création poétique est le même que celui des fantasmes hystériques. Goethe prête à Werther quelque chose de vécu : son propre amour pour Lotte Kästner et, en même temps, quelque chose dont il a entendu parler : le sort du Jérusalem qui se suicida. Goethe jour probablement avec l’idée de suicide et y trouve un point de contact qui lui permet de s’identifier à Jérusalem. Il prêt à celui-ci des motifs tirés de sa propre histoire d’amour. C’est un moyen de ce fantasme qu’il se prémunit contre les conséquences de sa propre histoire », p. 184

Les premiers psychanalystes, Minutes de la Société psychanalytique de Vienne, trad. N. Bakman, Gallimard, Paris, 1976, I, 1908-1910, séance du 13 02 1907, p. 136

« Le suicide est l’apogée de l’auto-érotisme négatif »

Les premiers psychanalystes, Minutes de la Société psychanalytique de Vienne, trad. N. Bakman, Gallimard, Paris, 1978, II, séance du 24 03 1909, p. 180-181

« La différence dans la forme de suicide choisie par les deux sexes illustre que le symbolisme s’étend jusqu’à la mort. Le choix des moyens du suicide révèle le symbolisme sexuel le plus primitif, que nous connaissons depuis longtemps. Un homme se tue avec un revolver, c’est-à-dire qu’il joue avec son pénis, ou bien il se pend, c’est-à-dire qu’il devient quelque chose qui pend de toute sa longueur, un « pénis » (« pendere ») ».

Les premiers psychanalystes, Minutes de la Société psychanalytique de Vienne, trad. N. Bakman, Gallimard, Paris, 1976, II, p. 481-482

« Le suicide ne serait pas tant une conséquence qu’un substitut de la psychose, bien que les deux formes puisse bien entendu se combiner à un degré quelconque »

(…) « On a l’impression que, dans beaucoup de cas, c’est la peur de l’inceste qui mène les enfants au suicide »

(…) « Pour l’instant, nous pouvons accepter sans hésiter la thèse (…) selon laquelle, dans le suicide, la pulsion de vie est vaincue par la libido (dans ce texte, Freud oppose la pulsion du moi et les pulsions sexuelles».

(…) « Il serait intéressant d’établir si le désespoir d’être jamais aimé est effectivement chaque fois la condition du suicide (des écoliers) ; la formule a quelque chose de séduisant »

Sigmund Freud – Ludwig Binswanger : correspondance, 1908-1938, trad. R. Menahem et M. Strauss, Calmann-Lévy, Paris, 1995, 02 05 1909 p. 74, ou 1970 p. 283

Les remarques de Freud sont les même que dans la séance des Minutes de la Société Psychanalytique de Vienne, séance du 24 03 1909.

Freud S., Psychopathologie de la vie quotidienne, 1901, édition de 1923, trad. S. Jankélévitch, PBP, Payot, 1990, p. 207-214

Le suicide et le désir de suicide sous ses formes « inconscientes ». Dans cet ouvrage, le suicide est vu comme un acte manqué. Le suicide peut-il accéder au statut d’un symptôme ?

Freud S., Totem et tabou, trad. S. Jankélévitch, PBP, Payot, 1992, 1912-1913, p. 230 ou 307 selon l’édition

“D’après la loi du talion, qui est profondément enracinée dans la sensibilité humaine, un meurtre ne peut être expié que par le sacrifice d’une autre vie ; le sacrifice de soi renvoie à un crime de sang ».

Note 2 : « Les impulsions suicidaires de nos névrosés se révèlent régulièrement être des autopunitions pour des désirs de mort dirigés contre autrui ».

Freud S., « Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort » (1915), Essais de psychanalyse, petite bibliothèque Payot, 15, Paris, Payot, 1981, (Article en ligne). Commentaire de cet article.

« Notre propre mort ne nous est pas représentable et aussi souvent que nous tentons de nous la représenter nous pouvons remarquer qu’en réalité nous continuons à être là en tant que spectateur. C’est pourquoi dans l’école psychanalytique on a pu oser cette déclaration : personne, au fond, ne croit à sa propre mort ou, ce qui revient au même : dans l’inconscient, chacun de nous est persuadé de son immortalité ».

« Ne devons-nous pas convenir qu’avec notre attitude de civilisé à l’égard de la mort nous avons, une fois encore, vécu psychologiquement au-dessus de nos moyens et ne devons-nous pas faire demi-tour et confesser la vérité ? Ne vaudrait-il pas mieux faire à la mort, dans la réalité et dans nos pensées, la place qui lui revient et laisser un peu plus se manifester notre attitude inconsciente à l’égard de la mort, que nous avons jusqu’à présent si soigneusement réprimée. (…) cela présente l’avantage de mieux tenir compte de la vraisemblance et de nous rendre la vie de nouveau plus supportable. Supporter la vie reste bien le premier devoir de tous les vivants. L’illusion perd toute valeur quand elle nous en empêche. (…) Si tu veux supporter la vie, organise-toi pour la mort ».

Freud, « Deuil et mélancolie », Métapsychologie, Gallimard, Paris, 1991, p. 160-161

« Ainsi, l’investissement d’amour du mélancolique pour son objet a connu un double destin ; il a, pour une part, régressé à l’identification mais, pour une autre part, sous l’influence du conflit d’ambivalence, il a été reporté au stade du sadisme, qui en est plus proche. Nous avons reconnu, comme état originaire d’où provient la vie pulsionnelle, un si prodigieux amour de soi de la part du moi, nous voyons se libérer, dans l’angoisse qui survient quand la vie est menacée, un montant si gigantesque de libido narcissique, que nous ne saisissons pas comment ce moi peut consentir à son auto-destruction (…) il n’est pas de névrosé, éprouvant des intentions suicidaires qui n’en ait fait retour sur soi à partir d’une impulsion meurtrière contre d’autre (…) L’analyse de la mélancolie nous enseigne que le moi ne peut se tuer que lorsqu’il peut, de par le retour de l’investissement d’objet, se traiter lui-même comme un objet, lorsqu’il lui est loisible de diriger contre soi l’hostilité qui concerne un objet (…) Ainsi, dans la régression à partir du choix d’objet narcissique, l’objet a certes été supprimé, mais il s’est pourtant avéré plus puissant que le moi lui-même. Dans les deux situations opposées, celle de l’état amoureux le plus extrême et celle du suicide, le moi, bien que par des voies tout à fait distinctes, est terrassé par l’objet ».

Freud S., « Sur la psychogenèse d’un cas d’homosexualité féminine », Névrose, psychose et perversion, PUF, Paris, 1974, p. 261

« Peut-être personne ne trouve l’énergie psychique pour se tuer si premièrement il ne tue pas du même coup un objet avec lequel il s’est identifié, et deuxièmement ne retourne par là contre lui-même un désir de mort qui était dirigé contre une autre personne ».

Note 2 : « Ces interprétations du mode de suicide par des accomplissements de désirs sexuels sont depuis longtemps familières à tous les analystes (s’empoisonner = devenir enceinte ; se noyer = enfanter ; se précipiter d’une hauteur = accoucher) ».

Déterminisme symbolique des actes manqués par méprise, Le suicide inconscient, S. Freud, 2

Dans son chapitre 8 de la Psychopathologie de la vie quotidienne 1, Freud commence par distinguer clairement entre les actes suicidaires conscients et les actes inconscients. Parmi les actes suicidaires inconscients (des actes qui surviennent comme par erreur), il oppose les actes suicidaires par méprise (l’effet de l’acte paraît manqué) et les actes suicidaires symptomatiques (l’action tout entière apparaît absurde et semble ne répondre à aucun but). Ces trois catégories d’actes suicidaires ont tous un but, même si ce but n’est pas conscient, ni facilement déchiffrable.
Freud commence par exposer des cas d’actes manqués par méprise. C’est une longue énumération.
a – Sortir sa clé devant la porte du domicile d’un autre, expression du désir de se sentir chez l’autre comme chez soi.
b- Se tromper d’étage lors d’une visite chez un patient, expression du désir de vouloir « aller trop loin ».
c- Prendre un objet pour un autre (prendre un marteau à reflexes au lieu du diapason).
Freud se pose la question : « quel est donc celui qui s’est le dernier saisi du diapason ? ». C’était un enfant idiot. Or, un marteau, Hammer, est un mot qui consonne avec âne,chamer en hébreu.
Puis, Freud se demande quelle est la signification de cette injure. Elle lui rappelle une erreur idiote antérieure (une erreur de diagnostic pour un patient). La méprise signifie donc : « tu es un âne ». « La voie de la critique à l’égard de soi-même » s’est exprimée « par la méprise », page 191. « La méprise actuelle en représente une autre ». L’acte sert dans ce cas de pont et de lien entre 2 signifiants représentant 2 erreurs de Freud. Le lien établi par ce pont est un lien signifiant et métonymique. L’erreur de l’acte manqué métonymise la première erreur.
Erreur 1 (se tromper pour un patient) – méprise de l’acte – erreur 2 (se tromper d’objet)
L’erreur 2 représente une critique après coup de l’erreur 1
d- la méprise « peut être utilisée par une foule d’autres intentions obscures ». Par exemple, pour casser un objet. Finalement, Freud considère ces méprises « très conformes au but » (inconscients), page 192.
La violence et la certitude de ces mouvements maladroits conformes au but (inconsient), s’apparente à la fausse maladresse/exactitude des mouvements de l’hystérie.
La méprise « sert » des « intentions inavouées ». Elle accomplit une sorte de «  sacrifice » se mêlant à un « hommage galant ». L’objet de la seconde méprise, une petite statue de marbre de Vénus, représente l’objet de la première erreur, «  une proche parente » dont l’état de santé s’est amélioré. A ce point, Freud corrige un peu le tir. L’objet de la méprise vaut pour un objet du désir.
Freud reprend aussi l’exemple de Lou Andreas-Salomé qui arrête de laisser le lait déborder de la casserole quand elle perd son chien. Il s’agit donc d’un objet perdu.
A l’inverse, « le sacrifice » de la méprise peut-être dicté par le désir de détourner un malheur au lieu de la reconnaissance envers le sort (épargner une amitié).
«  La destruction de l’objet » peut aussi servir à exprimer son «  exécution masquée » (casser l’objet plutôt que de casser la jambe de son fils), page 194.
« Le calme et l’impassibilité avec lesquels on accepte dans tous ces cas le dommage subi indiquent bien qu’on a été guidé par une intention inconsciente dans l’exécution des actes ayant abouti à la destruction des objets », page 194. Ces actes manqués sont « insignifiants », page 195. Ils présentent un « déterminisme symbolique » en symbolisant l’objet initial, page 196.
Résumons.
Ces actes par erreur, ces méprises, sont des actes violents, certains, exacts dans la réalisation de leur but, ils entraînent calme et impassibilité, signent une intention inconsciente et valent pour un autre objet que celui sur lequel porte l’erreur. Leur déterminisme est symbolique de l’objet initial. Ils signifient la destruction, le sacrifice ou l’exécution du premier objet qui peut être perdu.
Objet 1 – méprise de l’acte – objet 2
e- Freud aborde alors sa première observation concernant indirectement un suicide (plus précisément : le désir du suicide d’une femme par amour pour l’auteur de l’acte manqué). Cette observation lui provient d’un collègue, ML Jekels et a fait l’objet d’une publication dans le journal international de psychanalyse en 1913.
Je vais m’en tenir là. L’exposé détaillé de l’article de Jekels fera l’objet du prochain billet.
Lire la suite

1 – S. Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne (trad. S. Jankélévitch), 1901, édition de 1923, petite bibliothèque Payot, 11, Paris, 1967

Articles précédents : « le suicide inconscient » pour Freud

Le suicide inconscient

Déterminisme symbolique des actes manqués par méprise

Le dédoublement de l’acte

L’étonnant sang-froid en présence de prétendus accidents

Un cas freudien d’acte destructeur manqué

Le suicide mi-intentionnel est-il un suicide inconscient pour Freud ?

Une formation de compromis

La multiplication des causes

Actes destructeurs visant inconsciemment la vie de tierces personnes

Actes destructeurs symptômes