Le Shinju : mourir d’amour au Japon

Le théâtre et la littérature japonaise regorgent d’ouvrages racontant des récits de suicide de couple amoureux, un suicide appelé shinju. Citons le recueil de Shohoken qui témoigne de la sympathie des auteurs japonais à l’égard des amants désespérés1, ou encore, les Contes d’amour des samouraïs, par Saikaku2.

Pringuet3 s’est intéressé à cet aspect de la culture japonaise. Ces récits sont marqués par des traits précis. Qui sont autant de constantes de la trame dramatique de ces histoires. Ce sont le plus souvent des amours contrariés par les familles. Des versions japonaises de Roméo et Juliette.

Pringuet met en évidence certains de ces traits qui s’avèrent utiles pour l’approche du suicide.

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"Il n'y a d'acte que d'homme", Lacan 05 février 1964

« La répétition apparaît d’abord sous une forme qui n’est pas claire, qui ne va pas de soi, comme une reproduction ou une présentification, en acte. Voilà pourquoi j’ai mis L’acte avec un grand point d’interrogation dans le bas du tableau, afin d’indiquer que cet acte restera, à notre horizon.

Il est assez curieux que ni Freud, ni aucun de ses épigones, n’ait jamais tenté de se remémorer ce qui est pourtant à la portée de tout le monde concernant l’acte – ajoutons humain, si vous voulez, puisque à notre connaissance, il n’y a d’acte que d’homme. Pourquoi un acte n’est-il pas un comportement ? Fixons les yeux, par exemple, sur cet acte qui est, lui, sans ambiguïté, l’acte de s’ouvrir le ventre que dans certaines conditions – ne dites pas hara-kiri, le nom est seppuku. Pourquoi font-ils ça ? Parce qu’ils croient que ça embête les autres, parce que, dans la structure, c’est un acte qui se fait en l’honneur de quelque chose. Attendons. Ne nous pressons pas avant de savoir, et repérons ceci, qu’un acte, un vrai acte, a toujours une part de structure, de concerner un réel qui n’y est pas pris d’évidence.

Wiederholen. Rien n’a plus fait énigme – spécialement à propos de cette bipartition, si structurante de toute la psychologie freudienne, du principe du plaisir et du principe de réalité – rien n’a plus fait énigme que ce Wiederholen, qui est tout près, aux dires des étymologistes les plus mesurés, du haler – comme on fait sur les chemins de hala­ge – tout près du haler du sujet, lequel tire toujours son truc autour d’un certain che­min d’où il ne peut pas sortir ».

Lacan J., Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, coll. Points essais, 1973, séance du 05 février 1964, p. 60