Le suicide pour échapper au cercle solitaire, G. Morel

Il est très utile de lire le dernier livre de G. Morel, La loi de la mère, en particulier le chapitre VI sur « Les prolongements du symptôme », dans lequel elle met en évidence un troisième type de « prolongement » du symptôme de Joyce.

Dans ce chapitre, G. Morel examine le rapport de Joyce à sa fille Lucia, et elle évoque une présentation de malade de Lacan. Il s’agit du cas intitulé « Entretien de Jacques Lacan avec Gérard Lumeroy », paru en 1992 dans Le discours psychanalytique. Lacan, avec ce patient, « s’intéresse à la progression pathologique du rapport de ce sujet au message de l’Autre ».

On peut consulter le texte intégral de cette présentation de malade sur Internet sur le site de l’ELP, ainsi qu’aux commentaires de Lacan. Lacan fait un premier commentaire à la fin de la présentation et un deuxième plus compliqué lors de son séminaire Le sinthome.

Et ce patient explique quelque chose d’important à propos de son suicide.

Il considère que la cause de son suicide est due à la perception de son secret par l’Autre, ce qu’il appelle « le cercle solitaire ». Dans un premier temps, le symbolique est noué au réel et les deux se distinguent nettement de l’imaginaire. Puis, l’amorce de la télépathie créée une « embrouille » du réel et du symbolique, ce qui le conduit au suicide.

C’est ce développement du symptôme qui est le plus intéressant car il suppose une progression du symptôme en rapport simultané avec l’apparition du suicide.

Ce patient montre l’existence d’un nouage du réel et du symbolique, l’embrouille du nouage R-S lors de l’apparition de la télépathie, l’éclosion de son suicide, et permet des considérations générales sur le sinthome dans ses rapports au suicide.

En effet, on pourrait dire que dans le cas de Gérard, le suicide est le point d’effondrement ou d’effacement du symptôme, le moment où l’amalgame réel – symbolique faisant pont vers l’imaginaire « s’embrouille » et où la distinction, la « disjonction » de ces trois registres devient impossible.

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atelier « Prévention du suicide », Savoirs et clinique, 19 janvier 2008, résumé de l’intervention tenant compte des précieuses remarques de B. Lemonnier, S. Boudailliez et M. Vaneufville.

– Morel G., La loi de la mère, essai sur le simthome sexuel, Anthropos, 2008

– pages 154 et 155

– Entretien du 10 février 1976. On peut télécharger le texte de l’entretien à partir du site « Pas tout Lacan » à http://www.ecole-lacanienne.net/pastoutlacan70.php

– Morel, p. 155

– Lacan J., Le sinthome, Paris, Seuil, 2005, p. 94-97

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