A lire la conclusion freudienne de 1915, « Si tu veux supporter la vie, organise-toi pour la mort !», nous pourrions penser que Freud encourage au suicide.
Il n’en est rien. Freud a des certitudes sur la mort, certes. Mais son pessimiste plaidoyer exclut la possibilité même du suicide. Nous sommes en pleine première guerre mondiale. Continuer la lecture de « Personne ne croit à sa propre mort, Freud »
La mort est une pensée, vidéo de Jacques Lacan à Louvain
Un petit passage de l’intervention de Lacan à Louvain (1974) est assez instructif sur sa position philosophique sur la mort. La mort est un produit de la pensée et de la croyance. Dans le fond, le problème pour le suicide serait de trop y croire. Lacan est à l’opposé de Cioran (« la vie est supportable uniquement avec l’idée qu’on puisse la quitter quand on veut »).
Lacan : « La mort… est du domaine de la foi. Continuer la lecture de « La mort est une pensée, vidéo de Jacques Lacan à Louvain »
Les doigts de l'homme mort, Ophélie se suicide (11)
L’Ophélie de Shakespeare va se noyer sous les « feuilles blanches » d’un saule « dans le miroir de l’eau ». Non sans avoir distribué des fleurs auparavant, en guise d’adieu à son entourage. Ophélie, par le seul geste de choisir et de distribuer ces fleurs, les assemble en « ingénieuses guirlandes (1) » (« fantastic garlandes »). Il s’agit d’une tresse de mots. Puisque ces fleurs sont des signifiants énigmatiques.
Au sujet des « tresses », il y a un rapprochement distrayant à faire avec Freud. Une théorie en ethnologie veut que les femmes aient inventé le textile pour cacher leur sexe. Freud suppose que les femmes ont d’abord tressé leurs poils pubiens, avant de les détacher pour en faire des pagnes (2). De là, par extension, les tresses désignent la castration par extension. L’objet détaché est le résultat de cette opération symbolique. Comme les phallus et les serpents dont la Gorgone ou les sirènes se parent. De fait, Ophélie figure un tel personnage. Elle est celle qui nous met la castration sous le nez ! Continuer la lecture de « Les doigts de l'homme mort, Ophélie se suicide (11) »
Le suicide d'un policier est-il une "mort en service" ?
Nous pouvons voir depuis peu de temps, un reportage de « FPC, briser le silence » sur le suicide dans la police.
En effet, il est attendu d’un policier qu’il soit capable de supporter l’hostilité, la violence, le mépris et les insultes du public. Si sa fonction professionnelle comporte cela, alors un policier qui se suicide devrait être considéré comme « mort en service ». C’est ce que la soeur d’un policier qui s’est tiré une balle dans la tête propose dans le reportage.
Selon FPC, il y aurait eu 700 suicides dans la police depuis octobre 1996, donc depuis 14 ans, soit 50 par an.
La mort n’existe pas, K. Abraham
Un peu d’humour pour se détendre, version Abraham.
La question de la mort est assez inepte pour le suicide. L’argument classique: personne ne sait ce qu’elle est. Pour preuve, le récit de Karl Abraham sur le lapsus d’un octogénaire.
Je ne résiste pas au plaisir de citer ce petit récit en entier.
« Dans un article de journal (Berliner Tageblatt) l’acteur Ludwig Barnay, âgé depuis peu de quatre-vingts ans, commente avec esprit les hommes qu’il a reçus dans le passé et récemment. Il constate avec humour qu’aux morts. Dans une ville, on lui a érigé une statue, dans une autre sa maison est ornée d’une plaque commémorative, enfin, la rue d’une troisième porte son nom. Il se demande alors quels honneurs pourraient bien lui échoir après sa mort et répond ainsi : » En tout cas, les funérailles, la festivité mortuaire habituelle et un article nécrologique dans les quotidiens ; mais il faudra renoncer à ce triple attelage pour mon cercueil car j’ai ordonné par testament que mon décès ne se produira pas avant que la crémation n’ait eu lieu. »
L’erreur contenue dans cette phrase montre clairement le désir de l’auteur de ne pas mourir du tout, et nous permet d’entrevoir la conviction inconsciente profonde propre à tout un chacun d’être immortel.
Le mot erfolgen (ne se produise, n’ait eu lieu), n’a aucune consonance proche de celui qu’il remplace, en réalité, ce devait être bekanntgegeben werden möge (soit rendu public). Ce lapsus a été favorisé par le mot erfolgter dans la même ligne.
Du point de vue psychanalytique, il est à remarquer que ni le rédacteur, ni le correcteur n’ont relevé l’erreur.
J’ajoute que les lecteurs du journal ont parcouru ce passage sans être arrêtés, ce qui signe leur sympathie pour la conception de l’auteur » (Karl Abraham).
Où l’on voit que Barnay ne croit tellement pas à sa propre mort que cette conviction emporte aussi celle du correcteur !
Un petit jeu: dans les écrits d’Abraham, où ce texte figure-t-il ?
Segantini (2) : l'aspiration à la mort
La mort du peintre Giovanni Segantini était un suicide inconscient. Comme je l’ai souligné dans le billet précédent, à la suite d’Abraham. Un montagnard expérimenté comme Segantini, ne pouvait méconnaitre les dangers du froid. Son imprudence fût surprenante.
Abraham donne plusieurs exemples de « suicide inconscient ». Il indique que ces cas sont « non exceptionnels 1». C’est par exemple le cas de ceux qui négligent de prendre des mesures de sécurité élémentaires, qui se précipitent au-devant d’une voiture « par mégarde », avalent un produit toxique « par erreur », se blessent « par maladresse ». Abraham range aussi les accidents de montagne dans ces suicides inconscients. Continuer la lecture de « Segantini (2) : l'aspiration à la mort »
Le sexe ou la mort, Woody Allen inside
Woody Allen inside
"Travailler à en mourrir", par Moreira et Prolongeau
Dans « Travailler à en mourir« , un livre à paraître le 14 octobre chez Flamarion, les journalistes Paul Moreira et Hubert Prolongeau retracent le parcours des victimes anonymes du « culte de la performance » et du profit à tout prix. Dans leur enquête, ils tentent de décrypter comment le « système tue » dans des situations aussi différentes que la banque, la sidérurgie ou encore chez Renault. Pour eux, « on détourne le débat, la démission de Didier Lombard n’est pas le problème, ce n’est qu’un pion, un autre ne fera pas mieux ».
Dans "Travailler à en mourir", un livre à paraître le 14 octobre chez Flamarion, les journalistes Paul Moreira et Hubert Prolongeau retracent le parcours des victimes anonymes du "culte de la performance" et du profit à tout prix. Dans leur enquête, ils tentent de décrypter comment le "système tue" dans des situations aussi différentes que la banque, la sidérurgie ou encore chez Renault. Pour eux, "on détourne le débat, la démission de Didier Lombard n’est pas le problème, ce n’est qu’un pion, un autre ne fera pas mieux". Lire aussi le dossier du Nouvel Observateur
Vidéo publiée par le site Nouvel Obs
Les formations de l’inconscient (1957-1958)
Dans ce texte, Lacan évoque quatre formes de suicide. Le suicide dans lequel le sujet devient un « signe éternel », « l’irrésistible pente au suicide des enfants non désirés », la « beauté horrifique » du suicide et sa « beauté contagieuse ». Ces trois formes de suicide sont clairement rapporté à la répétition, « la reproduction symptomatique », et à l’Au-delà du principe de plaisir.
Cet Au-delà du principe de plaisir est l’élément qui rend compte de la montée du plaisir, qui explique le « plaisir effectif ». C’est un refus du sujet, pleinement articulé, au moment où il s’affirme comme signifiant. Le sujet n’accepte pas d’être un élément de la chaîne signifiante. Ce faisant, il « s’abolit » et devient un signe éternel.
Continuer la lecture de « Les formations de l’inconscient (1957-1958) »