"Il n'y a d'acte que d'homme", Lacan 05 février 1964

« La répétition apparaît d’abord sous une forme qui n’est pas claire, qui ne va pas de soi, comme une reproduction ou une présentification, en acte. Voilà pourquoi j’ai mis L’acte avec un grand point d’interrogation dans le bas du tableau, afin d’indiquer que cet acte restera, à notre horizon.

Il est assez curieux que ni Freud, ni aucun de ses épigones, n’ait jamais tenté de se remémorer ce qui est pourtant à la portée de tout le monde concernant l’acte – ajoutons humain, si vous voulez, puisque à notre connaissance, il n’y a d’acte que d’homme. Pourquoi un acte n’est-il pas un comportement ? Fixons les yeux, par exemple, sur cet acte qui est, lui, sans ambiguïté, l’acte de s’ouvrir le ventre que dans certaines conditions – ne dites pas hara-kiri, le nom est seppuku. Pourquoi font-ils ça ? Parce qu’ils croient que ça embête les autres, parce que, dans la structure, c’est un acte qui se fait en l’honneur de quelque chose. Attendons. Ne nous pressons pas avant de savoir, et repérons ceci, qu’un acte, un vrai acte, a toujours une part de structure, de concerner un réel qui n’y est pas pris d’évidence.

Wiederholen. Rien n’a plus fait énigme – spécialement à propos de cette bipartition, si structurante de toute la psychologie freudienne, du principe du plaisir et du principe de réalité – rien n’a plus fait énigme que ce Wiederholen, qui est tout près, aux dires des étymologistes les plus mesurés, du haler – comme on fait sur les chemins de hala­ge – tout près du haler du sujet, lequel tire toujours son truc autour d’un certain che­min d’où il ne peut pas sortir ».

Lacan J., Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, coll. Points essais, 1973, séance du 05 février 1964, p. 60

Suicide et activité professionnelle, rapport de l'INVS

Les premières données statistiques sur le suicide au travail viennent de sortir. Elle sont présentées par C. Cohidon, B. Geoffroy-Perez, A. Fouquet, C. Le Naour, M. Goldberg et E. Imbernon (INVS : Institut National de Veille Sanitaire) dans un rapport intitulé : « Suicide et activité professionnelle en France, premières exploitations de données disponibles ».
L’avantage de la « science » statistique, c’est de permettre, grâce à la manipulation des chiffres, de dire que le nombre de suicides au travail n’a pas augmenté quand l’opinion publique a l’intuition du contraire ! Et de prétendre en plus que cette assertion est vraie, scientifique, argumentée et par là même, prouvée !
Derrière cet énorme écran de fumée, remarquez bien une chose : ce rapport n’aborde surtout pas la question de savoir pourquoi les gens pourraient-ils bien se suicider à cause de leur travail ?
En psychanalyse, au contraire, nous ne donnons pas notre langue au chat. Nous tournons notre langue dans notre bouche et puis nous tentons de dire pourquoi une personne tente de mourir.
Voici la conclusion du rapport de l’INVS :

« La conduite suicidaire est un processus complexe et multifactoriel. S’il est aujourd’hui difficile de comptabiliser le
nombre exact de suicides en lien avec le travail, il existe néanmoins certaines données permettant d’approcher cette
problématique. Cette étude a pour objectif de décrire la mortalité par suicide et son évolution au cours du temps
dans la population des salariés (hommes) selon les secteurs d’activité auxquels ils appartiennent.
La description de la mortalité par suicide provient du projet Cosmop du Département santé travail de l’InVS.
Il s’appuie sur les données issues du panel DADS (Déclaration annuelle des données sociales) de l’Insee
(Institut national de la statistique et des études économiques) couplées aux causes médicales de décès du CépiDc
(Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès) de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche
médicale). Les taux de mortalité par suicide (standardisés sur l’âge) ont été calculés chaque année de 1976 à 2002
selon le secteur d’activité de l’employeur et le groupe socioprofessionnel du salarié.
Sur la période 1976-2002, le taux standardisé de mortalité par suicide est estimé à 25,1/100 000 (en population
ce taux est de 33,4/100 000, même standardisation). On ne constate pas d’évolution notable au cours du temps.
En revanche, les taux de mortalité diffèrent sensiblement selon les secteurs d’activité. Le secteur de la santé
et de l’action sociale présente le taux de mortalité par suicide le plus élevé (34,3/100 000) puis viennent ensuite
les secteurs de l’administration publique (en dehors de la fonction publique d’État) (29,8/100 000), de la construction
(27,3/100000) et de l’immobilier (26,7/100 000). L’analyse par groupe socioprofessionnel montre des taux de mortalité
près de trois fois plus élevés chez les employés et surtout chez les ouvriers par rapport aux cadres.
Cette étude montre des inégalités de mortalité par suicide selon les secteurs d’activité. On observe, en revanche,
une relative stabilité dans le temps dans cette population au travail entre 1976 et 2002, superposable à l’évolution
observée en population générale. Malgré certaines limites (en particulier l’absence de la population d’étude
de salariés de la fonction publique d’État) cette étude permet de proposer une première approche des liens entre suicide et activité professionnelle en France ».

Consulter le Rapport de l’INVS : « Suicide et activité professionnelle en France, premières exploitations de données disponibles »

Des filles en noir

Réalisé par Jean-Paul Civeyrac. Avec Léa Tissier, Elise Lhomeau, Elise Caron… 2009 Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
Résumé : Noémie et Priscilla, deux adolescentes de milieu modeste, nourrissent la même violence, la même révolte contre le monde. Elles inquiètent fortement leurs proches qui les sentent capables de tout…

« La vie intérieure des deux filles est largement insatisfaite : elles ne trouvent pas dans le réel qui les entoure de quoi s’alimenter. Il y a en elles un besoin d’infini, d’absolu, qui ne peut se mesurer qu’à l’idée de la mort, à de l’extrême. En même temps, les deux filles tiennent un discours très critique, politique, sur la société. Et, en effet, on voit bien aujourd’hui que les jeux violents des adolescents répondent aussi à une débâcle sociale, au fait qu’il n’y a pas d’entrée dans la vie. Le film essaie de témoigner de ces deux dimensions. Il n’est pas inspiré d’un fait divers à proprement parler, mais s’appuie sur beaucoup d’histoires réelles… « ,

Jean-Paul Civeyrac – Extrait du dossier de presse, Téléchargez le dossier de presse




Le suicide a-t-il une signification politique ?


Que le suicide ait une signification politique, c’est ce que nous pourrions envisager en apprenant le décès de Mohamed Bouazizi par le feu (et celui d’au moins cinq de ses camarades en trois semaines). Et surtout depuis que, de fil en aiguille, après ce suicide, manifs après manifs, morts après morts, Ben ali a quitté le pouvoir.
Suicide par le feu….. le feu aux poudres….. La poudre explose……
Le rapprochement ne serait-il pas trop simple à établir ? Un suicide a-t-il vraiment des effets politiques ? Dans quelle conditions, s’il y en a ?
Nous voyons immédiatement le dilemme. Si seule une certaine forme d’action publique, par le sacrifice de soi, permet d’obtenir des effets réels, des effets concrets dans la réalité politique commune et pas seulement pour soi, alors, existe-t-il d’autres formes d’action politique qui aient une efficacité semblable ? Pour le dire clairement, faudrait-il nécessairement se suicider pour faire bouger les choses ?
Voici la position de Hannah Arendt sur la question : http://psychanalysesuicide.free.fr/?p=105. Pour l’auteur, l’acte a une valeur fondatrice dans le discours, il pose la première pierre d’une construction. Un acte « individuel » est inconcevable, le sujet émerge à partir de son statut de citoyen. L’acte d’un sujet est inscrit dans l’histoire de la cité et il répond au discours politique qui en a donc été la condition d’émergence. Selon ce point d’Arendt, Lucrèce est le prototype même du suicide politique.
Continuer la lecture de « Le suicide a-t-il une signification politique ? »

Questions de M. Magnaudeix autour d'un suicide à La Poste

Mathieu Magnaudeix a mené l’enquête à La Poste après une série de suicide jusqu’à il y a encore très peu de temps… C’est un document important qui retrace un historique détaillé de la crise en cours.
En voici juste le premier paragraphe :  » Un suicide garde toujours une part de mystère. Mais Robert Palpant aurait-il mis fin à ses jours à cause de son travail? Depuis lundi, date à laquelle ce suicide a été révélé par Europe-1, La Poste et la famille de ce postier de Vitrolles (Bouches-du-Rhône), un homme de 55 ans marié et père de deux enfants, avancent deux versions différentes pour expliquer le geste de ce caissier, qui s’est jeté sous un TGV samedi dernier. Ses funérailles ont lieu ce jeudi à Marignane.
La CGT des Bouches-du-Rhône relie clairement ce suicide aux conditions de travail et dénonce un mal-être grandissant dans l’entreprise, pointé en mai dernier de façon solennelle par des médecins du travail dans une lettre au président Jean-Paul Bailly. »
Pour lire la suite de l’article de M. Magnaudeix, cliquer ici sur ce lien
Un article de 2008 du blog sur le sujet : http://psychanalysesuicide.free.fr/?p=242

Mortel Champix !

Le Champix, produit par les laboratoires Pfizer est utilisé dans le sevrage du tabac. Aux USA, il est accusé d’avoir induit une « centaine de suicides réussis » selon Ernest Cory, l’avocat des plaignants.
En France aussi !
La notice d’information jointe au médicament vendu en pharmacie indique clairement : « Des cas  de dépression, d’idées et comportements suicidaires ainsi que de tentatives de suicide, ont été rapportées chez des patients traités par CHAMPIX. Si vous prenez CHAMPIX et que vous présentez une agitation, une humeur dépressive, une modification du comportement qui vous préoccupe vous, votre famille ou votre médecin, ou si vous développez des idées ou comportements suicidaires vous devez interrompre votre traitement et contacter votre médecin immédiatement ».
Commission de transparence de la HAS (Haute Autorité de Santé) du 24 06 2009 sur le Champix
Point d’information de l’AFSSAPS du 08 07 2008 sur le Champix
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CHAMPIX® : Suicides et troubles psychiatriques, la France n’est pas épargnée
7 cas de suicide et 92 cas de troubles psychiatriques graves en majorité liés à des idées ou des comportements suicidaires après 14 mois de commercialisation en France. Ainsi, fin mars 2008, le bilan de pharmacovigilance, établi « sur » environ  468.000 patients traités, rapportait 1.700 notifications d’effets indésirables dont 92 cas de troubles psychiatriques graves  chez des patients qui ne présentaient pas d’antécédents psychiatriques connus avant la prise de Champix®. Pourtant en Europe comme aux Etats-Unis, en janvier 2009, le Comité des médicaments de l’Agence européenne n’a pas considéré devoir mettre en garde de manière plus renforcée, les professionnels de santé sur le risque de dépression ou de comportement suicidaire.
Champix® a obtenu une autorisation de mise sur le marché européenne septembre 2006. Sa commercialisation, depuis février 2007, s’est accompagnée d’emblée d’un plan de gestion des risques européen, auquel s’ajoute un suivi de pharmacovigilance renforcé au niveau national. Environ 500.000 personnes sont traitées chaque année par Champix® en France : Entre février 2007 et mai 2008, environ 516.000 patients ont été traités par Champix® en France.
En 2007, le Comité du Médicament à usage humain (CMPH) de l’Agence européenne du médicament (EMA)  demande à ajouter dans la notice le risque d’infarctus du myocarde, de troubles dépressifs et de comportements suicidaires mais sans qu’un lien soit établi avec la prise de Champix®, ces symptômes pouvant apparaître lors de tout sevrage tabagique. Le laboratoire, indique bien dans la notice du produit que depuis sa commercialisation, des cas de crises cardiaques, d’hallucinations, de modifications de la pensée ou du comportement (telles qu’agressivité ou comportement irrationnel), de dépression et de pensées suicidaires ont été rapportés chez des personnes qui tentent d’arrêter de fumer avec Champix.
Fin mars 2008, le bilan de pharmacovigilance, établi après 14 mois de commercialisation en France, ne remettait pas en cause le rapport bénéfice / risque de Champix® mais signalait que sur environ 468.000 patients traités, environ 1.700 notifications d’effets indésirables avaient été recueillies dont 174 cas graves concernent essentiellement des troubles psychiatriques (92 cas), cardiovasculaires (24 cas) et neurologiques (16 cas), tels que crises d’épilepsie ou pertes de connaissance. Les cas de troubles psychiatriques graves (92) concernaient pour l’essentiel des idées et des comportements suicidaires, bien que la plupart des patients ayant développé ces troubles ne présentaient pas d’antécédents psychiatriques connus avant la prise de Champix®, précisent l’Afssaps en juillet 2008. 12 décès avaient alors été rapportés (dont 7 cas de suicide). Néanmoins, aucun lien n’avait alors pu être établi avec la prise de Champix®. Néanmoins, la commission nationale de pharmacovigilance avait alors estimé qu’après 14 mois de commercialisation de Champix en France, le suivi national de pharmacovigilance montrait que les résultats étaient « conformes au profil de sécurité d’emploi attendu et ne relevaient pas la survenue d’effets indésirable inattendus majeurs.
L’avis de la Haute Autorité de Santé du 24 juin 2009, rapporte ensuite (et à nouveau) les résultats de l’étude Aubin (revue Thorax 2008) : « Dans les 4 dernières semaines de traitement de cette étude, le taux d’abstinence continue a été significativement plus élevé dans le groupe varénicline que dans le groupe TNS. Cependant cette différence entre les groupes de traitements n’est plus observée à 6 mois ni à un an. ». La HAS cite aussi les conclusions de l’étude Cochrane (2004) dont « Le risque relatif d’abstinence continue à 1 an de la varénicline versus TNS de 1,31 (IC 95%: 1,01 – 1,71) ».
Le rapport « mondial » de pharmacovigilance 2008 (PSUR pour Product Safety Update Report) –Voir tableau ci-contre- qui couvre la période de mai 2008 à novembre 2008 informe sur un total de 12.143 événements indésirables rapportés dans le monde depuis mai 2006, 2.160 événements indésirables en rapport avec le suicide, médicament confirmés pour 1.160 patients, soit environ 10% de l’ensemble des événements indésirables liés au Champix®.
Pourtant, en janvier 2009, le CHMP de l’Agence européenne n’a pas considéré que ces informations relatives au risque suicidaire, nécessitaient d’être renforcées dans le RCP pour mettre en garde les professionnels de santé sur le risque de dépression ou de comportement suicidaire.
De la même manière, avec plus d’un millier de plaintes contre le Chantix déposées aux Etats-Unis, pourquoi l’Agence américaine FDA qui communiquait, sans interdire, sur les dangers du médicament dès mars 2008 n’a-t-elle pas procédé au retrait pur et simple du médicament ? La même question sera très certainement posée aux autorités sanitaires européennes.
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Tabac: des centaines de plaintes contre le Champix
Article paru sur le site France 3, le 07 01 2011, par FTV :
 » 1.200 plaintes ont été déposées aux USA contre les effets secondaires du Chantix, médicament de sevrage tabagique.
Ce médicament, baptisé Champix en France, est accusé d’entraîner des états suicidaires, voire des passages à l’acte.
Le Chantix (varénicline) – autorisé sur le marché américain en 2006, et sur le marché français en 2007 sous le nom de Champix – fait l’objet de  nombreuses publicités notamment télévisées vantant ses mérites.
L’ensemble des dossiers émanant de tous les Etats-Unis a été centralisé dans un tribunal fédéral de l’Alabama (sud) qui, selon un décompte effectué par l’AFP à partir de documents judiciaires, a déjà enregistré plus de 1.200 plaintes individuelles de consommateurs de Chantix ou de leur famille.
La procédure a été confiée par l’organe judiciaire américain chargé de centraliser les dossiers comportant des plaintes multiples venant de différents Etats à une juge unique, Inge Johnson. Si elle n’en est qu’à ses prémisses, elle pourrait se solder par un chèque très élevé du laboratoire américain, pour peu que la justice établisse des défaillances dans la conduite des essais cliniques préalables à la commercialisation du médicament.
Le principal avocat des plaignants, Ernest Cory, a assuré s’attendre encore au dépôt d' »un millier d’autres » plaintes pour « négligence » contre le laboratoire pharmaceutique américain Pfizer. « La plupart des cas présentés impliquent des problèmes neurologiques », indique-t-il, citant « suicides, tentatives de suicide et trous de mémoire » et évoquant, parmi les 1.200 plaintes déjà déposées, « bien plus d’une centaine de suicides réussis ». « 60% des plaintes parlent de tentatives de suicide ou de suicides réussis », ajoute-t-il.
Interrogé par l’AFP, le laboratoire Pfizer a estimé qu' »il n’existe pas de preuve scientifique que le Chantix ait provoqué les accidents neurologiques rapportés par les plaignants ». « Le Chantix est un traitement efficace pour de nombreux fumeurs qui souhaitent arrêter et nous avons l’intention de défendre ce médicament utile », a ajouté Victoria Davis, porte-parole du laboratoire.
Plusieurs scenarii sont possibles dans cette procédure qui « avance rapidement », a expliqué M. Cory. Il a exclu la possibilité de voir celle-ci aboutir à un unique procès du Chantix, jugeant que chaque plainte individuelle est « un cas unique ». La juge Johnson pourrait établir un canevas général de procédure et renvoyer les plaintes dans chacune de leur juridiction d’origine ou bien organiser elle-même un ou plusieurs procès exemplaires.
L’éventualité d’un accord financier global entre Pfizer et les plaignants est également  envisageable, même si M. Cory a assuré dans l’immédiat « ne rien en savoir ».
Si les plaignants obtiennent gain de cause en justice, il est également possible que l’Agence américaine du médicament (Food and Drug administration, FDA), qui a déjà exigé l’imposition d’avertissements stricts sur les boîtes de Chantix, décide à terme de retirer le médicament du marché ».

Défenestration à la BNP : la direction n'a pas "constaté de situation alarmante !"

Les suicides à la BNP Paribas sont loin d’être clairs ! Malgré la démarche des syndicats, la réunion d’un comité d’hygiène et de sécurité (CHSCT) en urgence et l’enquête de Didier Arnaud de Libération, les circonstances du décès d’une cadre supérieure de la banque restent obscures.
Ghislaine était « déontologue » de la banque. Une fonction dont peu de gens connaissaient l’existence avant d’apprendre ce décès. Pour le public des usagers, profanes des us et coutumes de la banque, il y avait la « médiation ». Mais, qui pouvait bien connaitre l’existence de la « déontologie » dans une banque ?
La réponse de la direction de la BNP est franchement anti-Wikileaks : circulez, il n’y a rien à voir ! Nous n’avons pas « constaté de situation alarmante dans l’entité dans laquelle  » elle travaillait. Et si, d’aventure, vous cherchiez à établir un lien de cause à effet, la direction vous avertit immédiatement : « il faut rester prudent avant de tirer des conclusions ». Autrement dit, n’y regardez pas de trop près !
Clairement, c’est obscur !
Ci-dessous, figure le début du récit de Didier Arnaud
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Suicide en sourdine à la BNP Paribas

Libération, le 22 12 2010

Après la mort, en octobre, d’une cadre qui s’était heurtée à un supérieur, et devant le mutisme de la direction, des collègues ont saisi les syndicats.

Par DIDIER ARNAUD

Ghislaine, 44 ans, mère de deux enfants, est cadre à la BNP Paribas, à Paris. Elle travaille tard le soir. Le week-end, elle rapporte ses dossiers chez elle. Elle a du mal à faire face. Ghislaine demande une assistante pour la seconder. La veille d’un week-end, un directeur commercial, apparemment en désaccord avec elle, surgit dans son bureau, un club de golf à la main. Très vite, le ton monte, des collègues se précipitent dans le bureau de Ghislaine, pour séparer les protagonistes. Quelque temps après, elle s’ouvre de cette altercation à son directeur général. «Il lui a répondu qu’il partait en vacances et qu’ils verraient cela à son retour», assure Marc Cohen-Solal, syndicaliste à la CGT. Le directeur général lui reproche de «surréagir», lâchant en substance : «Vous l’avez peut-être un peu cherché.»
«Déontologue». Quelques jours après, le 23 octobre, Ghislaine se donne la mort. Elle ne laisse aucune trace écrite. Ghislaine était «déontologue», un poste de cadre supérieur. Il y en a 2 000 comme elle à la BNP Paribas. Un travail qui consiste à s’assurer, via des contrôles, que les règles juridiques et éthiques de l’activité bancaire sont respectées.
La suite de l’article sur le site de Libération

Psychanalyse au travail : du symptôme au suicide, le 08 janvier 2011 à Lille

Journée d’étude organisée par ALEPH et CP-ALEPH

Samedi 8 janvier 2011 (9h – 18h)

Skema de Lille, avenue Willy Brandt, 59000 Lille (Euralille), amphi A
Ouvert à tous, participation aux frais 30€ (10€ pour les étudiants et les demandeurs d’emploi)
Renseignements : www.aleph.asso.fr

Argument

Au cours des dix dernières années, le thème du travail et les problématiques politiques et sociales qui lui sont associées ont émergé régulièrement sur la scène médiatique : débat autour de la réduction ou de l’augmentation du temps de travail, loi sur le harcèlement moral au travail, questionnements récurrents sur la « perte de sens » au travail, etc. Plus récemment, la question du suicide au travail a pris une ampleur particulière avec la série de suicides survenus au technocentre de Renault, au point que le ministère du travail a commandé en mars 2008 une étude épidémiologique sur le stress au travail. Cette tendance s’est accentuée non seulement en France mais aussi en Chine, au Japon, en Inde, en Italie, etc. Le suicide au travail paraît ainsi accompagner l’extension de la mondialisation et de ses crises.
Alors que semblent s’opposer d’un côté un discours médiatique accusateur qui rend l’organisation du travail responsable de ces suicides et, de l’autre, un déni des directions concernées qui essaient d’effacer tout lien entre le travail et la souffrance psychique, il nous semble essentiel de rétablir la dimension subjective qu’escamotent ces positions contraires. La psychanalyse permet en effet d’interroger d’une autre façon le rapport complexe du sujet au « travail », et sa rencontre singulière avec des situations concrètes de travail.
Intimement lié au désir, le travail peut être une source de création, l’occasion de dépasser des contraintes, un terrain d’expérimentation ou de découverte. Il peut être la scène sur laquelle le sujet cherche à faire reconnaître sa singularité, tout en étant reconnu socialement et intégré. Ainsi Freud a souligné la valeur du travail, conçu comme une des voies possibles de la sublimation qui permet « d’(y) transférer les composantes narcissiques, agressives, voire érotiques de la libido »1.
Il implique dans tous les cas une confrontation au réel, soit à ce qui dans la réalité, est « impossible à supporter ». Il prend ainsi pour le sujet la place d’un symptôme : « ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire », selon Lacan, soit ce qui insiste dans la réalité comme un « os » voire un problème. Il est alors la source d’une souffrance qui peut, dans certains cas, mener à l’extrême du suicide.
Lien privilégié entre l’individu et la société, le travail est une part éminente du « Malaise dans la culture » décrit par Freud. Dans ce colloque, qui réunira des psychanalystes et des spécialistes du monde du travail, nous explorerons la place, toujours singulière, du travail dans la subjectivité de celui qui travaille…ou ne travaille pas. Nous réfléchirons donc aux raisons pour lesquelles le travail, dans notre société, a valeur de symptôme : symptôme individuel dont le sujet ne cesse de parler et/ou de se plaindre, symptôme collectif quand il devient un signifiant incontournable du discours économique, politique ou médiatique mais également du discours commun. Nous chercherons aussi les causes de la vague actuelle de suicides au travail. Nous soumettrons à une interrogation critique les pratiques qui se développent dans le monde du travail, se généralisent à toutes les institutions passant de l’entreprise à l’école, l’université, l’hôpital, l’administration, sur le postulat de leur nécessité soi-disant évidente. Quid, par exemple, du recours systématique à l’évaluation, avec ce qu’elle suppose de formatage et de normalisation irréversibles : l’évaluation ne revient-elle pas finalement à une demande d’effacement du singulier, et au désir de faire disparaître ce qui relève du sujet dans le travail ? Pourquoi l’évaluation séduit-elle tellement, malgré l’appauvrissement des pratiques auquel elle conduit ? Cet effacement du sujet serait-il rassurant pour certains ?
1 Freud S., Le malaise dans la culture, PUF, 2007

Programme

9 h – Accueil des participants
9 h 15 – Introduction
Franz Kaltenbeck, psychanalyste, rédacteur en chef de la revue Savoirs et clinique
9 h 30 – 11 h
Présidente de séance : Bénédicte VIDAILLET, de conférences à l’Université de Lille 1
« Aime ton travail comme toi-même ! »
Geneviève MOREL, psychanalyste, docteur en psychologie clinique et psychopathologie, auteur, entre autres, de Clinique du suicide (sous la dir. de, Erès, 2002 et 2010)
Au moment de la grande dépression de 1929, Freud notait que « La grande majorité des hommes ne travaille que par nécessité, et les problèmes sociaux les plus difficiles proviennent de cette aversion naturelle des hommes pour le travail » (Le malaise dans la civilisation, ch.2). La nécessité est pour Lacan une caractéristique du symptôme — ce qu’est devenu le travail pour nombre d’analysants qui en parlent à longueur de séance. Ils ne témoignent cependant de nulle aversion mais plutôt d’une aspiration angoissée à bien faire leur travail, au-delà de tout motif rationnel comme la peur d’être « viré » en cette période de crise. Ils en sont même si tourmentés que l’on peut se demander si « Aime ton travail comme toi même ! » n’est pas un commandement du surmoi culturel de notre époque. Nous étudierons cliniquement les formes prises par cette idéologie du travail bien fait dans une société qui ne protège plus guère de diverses formes de précarité.
Suicide au travail : organisation du travail et responsabilité
Rachel SAADA, avocate, spécialiste de droit social, défend les familles de salariés qui se sont suicidés
Argument à préciser
11 h – 11 h 15 Pause café
11 h 15 – 12 h 45
Présidente de séance : Chantal DALMAS, psychiatre et membre de l’Aleph
« Pèse-moi ! » ou : de l’étrange désir d’être évalué
Bénédicte VIDAILLET, maître de conférences à l’Université de Lille 1, auteur de Les ravages de l’envie au travail (2007, Prix du livre RH Science Po/Le Monde)
On ne compte plus le nombre de recherches montrant que le développement systématique des systèmes et outils d’évaluation dans de nombreuses organisations a des conséquences désastreuses : inhibition du travail en équipe, compétition stérile, appauvrissement de l’activité, intensification du travail, production de contre-performances, etc. La plupart des personnes s’en plaignent. Pourtant force est de constater que ces méthodes ne cessent de se développer. Nous posons l’hypothèse que ce développement fulgurant n’est rendu possible que grâce au consentement, plus ou moins caché sinon inconscient, des salariés eux-mêmes. Ceux-ci ne sont pas simplement victimes d’un système ; ils y participent activement. A quelle demande inconsciente correspond le désir d’être évalué ? A qui cette demande s’adresse-t-elle et que met-elle en jeu ? De « comme sortir de l’idéologie de l’évaluation ?», la problématique devient alors : « comment faire sortir de soi l’idéologie de l’évaluation ? »
Commentaire de Chantal DALMAS : l’évaluation en psychiatrie
Présentation et projection du film « Et voilà le travail ! »
Florette EYMENIER, réalisatrice
Premier Prix au Festival de l’Acharnière (mai 2010), sélectionné au Festival Documentaire Traces de vie (novembre 2010) et au Festival Filmer le travail (janvier 2011), Et voilà le travail ! est un film de 17 minutes, qui met en forme le travail du XXI° siècle. A partir de témoignages de travailleurs très divers – du cadre « nomade » à l’intérimaire en passant par le stagiaire ou l’opératrice d’un centre d’appel -, des récits ont été écrits puis portés à l’écran par des comédiens. Parce qu’ils sont portés par d’autres corps, à la fois relais et alias, ces textes ainsi devenus génériques montrent de manière saisissante combien la « nouvelle économie » trouve son principe formel dans la désincarnation même des rapports sociaux.
12 h 45 – 14 h 15 Déjeuner
14 h 15 – 15 h 45
Président de séance : Philippe SASTRE-GARAU, psychiatre, psychanalyste et membre de l’Aleph
Suicide au travail : du diagnostic à la prévention
Dominique HUEZ, médecin du travail, auteur de Souffrir au travail : comprendre pour agir (2008), Président de l’association Santé et médecine du travail
Comment le travail peut-il nous pousser au suicide ? Quel rapport y a-t-il entre un mal de dos et un travail auquel vous pensez, chaque jour, en vous disant : « J’en ai plein le dos » ? Est-ce une première étape qui, de fil en aiguille, va vous conduire vers l’arrêt de travail, puis, qui sait, vers une dépression et même un suicide ? A partir de mon expérience en tant que médecin du travail depuis trente ans, j’aborderai la question du suicide au travail et de ses causes, notamment organisationnelles. Je réfléchirai également au rôle du médecin du travail, à la manière dont il peut prévenir et dépister les atteintes à la santé du fait du travail, à la posture éthique qui peut le guider et aux moyens pratiques (travail en réseau, formation, etc.) qui lui permettent de jouer pleinement son rôle.
Dire que non…Portrait de Bartleby en révolutionnaire
Sylvette EGO, formatrice d’adultes, membre de l’Aleph
Gilles Deleuze et Slavoj Zizek font de Bartleby, personnage éponyme d’une nouvelle de Melville, l’emblème d’une véritable alternative à la subordination dans le travail. La « formule » de Bartleby : «I would prefer not to», et les effets qu’elle produit, sont au centre de leur interprétation. Cette promotion semble se faire au prix d’une sorte d’oubli des deux auteurs : la fin tragique de Bartleby. Sa mort rend pourtant le récit moins « violemment comique » que ne le dit Deleuze et laisse perplexe sur la portée révolutionnaire du renoncement de Bartleby que pose Zizek ; même si tous deux s’accordent finalement à voir de la violence dans ce que crée le personnage. S’il n’est guère possible de faire une analyse du personnage Bartleby en termes de structure psychique, puisqu’il parle si peu, il peut être intéressant d’interroger ce qui engage les deux auteurs à situer l’alternative au processus capitaliste dans la souffrance d’un « au moins un » qui le mettrait en cause.
15 h 45 – 16 h Pause café
16 h – 17 h 45
Président de séance : Jean-Claude DUHAMEL, psychologue clinicien et membre de l’Aleph
Le travail, un possible anti-dépresseur ?
Aurélien ROCLAND, auteur – réalisateur, co-auteur de la série documentaire « 1000 chercheurs parlent d’avenir »
En octobre dernier, 21 chercheurs de tous horizons ont été interrogés à propos de leur métier et de leur vision de l’avenir. Quels mots ont-ils choisi face à la caméra ? Le résultat inattendu de cette rencontre entre l¹art et la recherche est assurément l¹émergence quasi-systématique d¹une subjectivité où transparaît le point d’appui que peut constituer le travail pour les individus lorsque celui-ci leur apporte une satisfaction évidente. Grâce au lien aux autres qu’il organise et qu’il soutient et parce qu’il reste en lien avec le désir, le travail, dans ce cadre particulier apparaît comme le meilleur antidépresseur qui soit.
Le travail n’est pas sans risque
Dr Emmanuel FLEURY, psychiatre, psychanalyste, Lille
Comment passe-t-on de la « sécurité sociale » (Conseil National de la Résistance, 1944) aux « risques psycho-sociaux » du rapport Légeron et Nasse en 2008 ? Disons-le tout net, alors que les firmes comme Apple affichent une fraternité qui cache mal la tyrannie régnant dans ses ateliers délocalisés en Asie (Foxconn), la prévention des risques plonge l’idéal de sécurité dans l’horreur de l’esclavage. L’histoire d’un cadre travaillant dans une institution publique en voie de privatisation me permettra de montrer la dangereuse glissade de la « sécurité » au « risque » qui a manqué de l’entrainer dans la destruction pure et simple.

Renseignements pratiques

Skema de Lille, avenue Willy Brandt, 59000 Lille (Euralille), amphi A
Participation aux frais 30€ (10€ pour les étudiants et les demandeurs d’emploi)
Renseignements www.aleph.asso.fr – contacter Bénédicte Vidaillet (bvidaillet@aleph.asso.fr) uniquement pour les demandes d’informations non trouvées sur le site

Skema de Lille, avenue Willy Brandt, 59000 Lille (Euralille), amphi AOuvert à tous, participation aux frais 30€ (10€ pour les étudiants et les demandeurs d’emploi)Renseignements : www.aleph.asso.fr

Le suicide d'un policier est-il une "mort en service" ?

Nous pouvons voir depuis peu de temps, un reportage de « FPC, briser le silence » sur le suicide dans la police.
En effet, il est attendu d’un policier qu’il soit capable de supporter l’hostilité, la violence, le mépris et les insultes du public. Si sa fonction professionnelle comporte cela, alors un policier qui se suicide devrait être considéré comme « mort en service ». C’est ce que la soeur d’un policier qui s’est tiré une balle dans la tête propose dans le reportage.
Selon FPC, il y aurait eu 700 suicides dans la police depuis octobre 1996, donc depuis 14 ans, soit 50 par an.