Dans le JT de France 2 ce midi, l’interview d’Agnès Favre qui vient d’éditer « L’envol de Sarah ». Avec beaucoup de tact pour évoquer le départ de sa fille. C’est un témoignage, pas un spectacle !
L’envol de Sarah, Agnès Favre, Max Milo, janvier 2007
«J’ai l’impression que je n’y arriverai jamais, et puis mon avenir me fait si peur. Je suis désolée, je n’arrive pas à dire les choses telles que je voudrais le dire, alors j’arrête.» Extrait d’une lettre de Sarah à ses parents. Sarah naît en 1980. C’est une enfant joyeuse, studieuse jusqu’au jour où ses parents déménagent dans une autre région. En quelques mois, elle perd le goût de la vie et va s’enfoncer dans la dépression. Est-elle prisonnière d’un secret inavouable ? Son frère, son père, comme sa mère, tentent de l’aider par tous les moyens et Sarah est suivie par les meilleurs spécialistes. Mais les tentatives de suicide se répètent, ponctuées de longues lettres déchirantes. Plus personne ne pourra contrecarrer le désir d’envol de Sarah. À seize ans, elle finit par sauter du pont d’Aquitaine. Étape par étape et pendant les dix ans qui ont suivi, sa mère a tenté de comprendre. Elle témoigne aujourd’hui : un livre fort et éclairant sur le mal-être des jeunes. Agnès Favre, née en 1957, a trouvé dans l’écriture un refuge à ses doutes. Elle esquisse un portrait élégant et touchant de sa fille. Elle s’adresse aux parents inquiets et interpelle une société où nombre de jeunes femmes semblent en crise identitaire « . Postface de Marie Choquet, directeur de recherche à l’Inserm (Maison de Solenn), source : FNA.
Extrait du livre
« Mon mari et moi travaillons pour un organisme qui propose des séjours de vacances de la belle saison jusqu’à l’automne. L’hiver, nous accueillons des retraités de tous âges. Nous essayons tant bien que mal de favoriser ce qu’on appelle le lien social, pour des personnes qui bien souvent sont des veufs, des personnes seules ou des malades, toutes sortes de gens que la vie a renvoyés à la solitude. Ironie du sort, on ne sait pas toujours empêcher dans son propre foyer ce contre quoi on lutte à l’extérieur. Enfant, j’étais moi-même assez seule. J’ai été élevée dans un monde rural au sein duquel l’oralité avait une place importante. J’ai gardé en mémoire des visages, des êtres en pleine activité de parole, des scènes de la vie courante avec des lieux et des saisons qui se croisent et s’entremêlent. J’étais un peu spectatrice, un peu mal à l’aise, un peu ailleurs. J’en ai entendu des confidences sur mon lieu de travail. Les âmes en peine sont passionnantes quand on prend la peine de les écouter. À chaque fois que j’apprends le décès d’une personne âgée, je me dis que c’est un livre qui se referme. Sarah et Baptiste aiment bien les côtoyer. Je leur fixe quand même des limites, car nous habitons un logement de fonction et je tiens à ce qu’ils distinguent notre lieu de travail et la maison. Tout le monde les apprécie, les personnes que je côtoie me répètent à l’envi combien ils sont mignons et polis. En revanche, ils voient peu leurs propres grands-parents. Nous ne pouvons les retrouver que trois ou quatre fois par an. C’est à chaque fois une joie d’aller les voir, ils nous attendent avec hâte. Ils ont neuf petits-enfants. On peut dire que mes enfants sont gâtés par leur pitre de grand-père qui aime être avec eux et les taquiner ».
Agnès Favre (Source : FNAC )