Quand l’entourage ne croit pas au suicide

En ce qui concerne l’entourage d’un suicidaire ou des endeuillés après un suicide, deux choses sont importantes. Cet entourage le sait-il ?

Est-il prêt à le croire ? Que ce soit de croire ce que lui dit celui qui veut mourir ou de croire que l’acte du défunt est bel et bien un suicide.

Cette façon de poser le problème permet de distinguer des situations différentes selon que l’on sait ou pas ; que l’on y croit ou pas.

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Le suicide de l'amour fidèle, le suicide d'Ophélie (7)

En préambule, nous avons passé beaucoup de temps à baliser les étapes qui introduisent le suicide d’Ophélie dans Hamlet, la pièce de Shakespeare. La dernière fois, nous avons vu que plusieurs séries d’expressions labourent une terre de cadavres et de vers.
Dans le ciel, rôdent de « précieux secrets » prêts à s’envoler, difficiles à apercevoir. La vérité scintille d’une faible lueur contrainte à emprunter les dédales de la folie. Continuer la lecture de « Le suicide de l'amour fidèle, le suicide d'Ophélie (7) »

Le savoir du psychanalyste

Lacan J., version ALI

Le 4 novembre 1971

Du point de vue de la jouissance, le seul acte qui soit achevé, pas raté, c’est le suicide. C’est pourquoi le suicide mérite objection.

« La dimension dont l’être parlant se distingue de l’animal, c’est assurément qu’il y a en lui cette béance par où il se perdait, par où il lui est permis d’opérer sur le ou les corps, que ce soit le sien ou celui de ses semblables, ou celui des animaux qui l’entourent, pour en faire surgir, à leur ou à son bénéfice, ce qui s’appelle à proprement parler la jouissance ».

(…)

« Il est plus étrange de voir que Freud, à ce niveau, croit devoir recourir à quelque chose qu’il désigne de l’instinct de mort ».

(…)

« Si, à procéder, ainsi pourtant, je pense tout de même qu’il y a une réponse, il n’est pas forcé que pour lui, plus que pour aucun d’entre nous, il ait su tout ce qu’il disait. Mais, au lieu de raconter des bagatelles autour de l’instinct de mort primitif, venu de l’extérieur ou venu de l’intérieur ou se retournant de l’extérieur sur l’intérieur et engendrant sur le tard, enfin se rejetant sur l’agressivité et la bagarre, on aurait peut-être pu lire ceci, dans l’instinct de mort de Freud, qui porte peut-être à dire que le seul acte, somme toute – s’il y en a un – qui serait un acte achevé – entendez bien que je parle, comme l’année dernière je parlais, d’Un discours qui ne serait pas du semblant, dans un cas comme dans l’autre il n’y en a pas, ni de discours, ni d’acte tel – cela donc serait, s’il pouvait être, le suicide.

C’est ce que Freud nous dit. Il nous le dit pas comme ça, en cru, en clair, comme on peut le dire maintenant, maintenant que la doctrine a un tout petit peu frayé sa voie et qu’on sait qu’il n’y a d’acte que raté et que c’est même la seule condition d’un semblant de réussir. C’est bien en quoi le suicide mérite objection. C’est qu’on n’a pas besoin que ça reste une tentative pour que ce soit de toute façon raté, complètement raté du point de vue de la jouissance. Peut-être que les bouddhistes, avec leurs bidons d’essence – car ils sont à la page – on n’en sait rien, car ils ne reviennent pas porter témoignage ».