Le suicide a-t-il une signification politique ?


Que le suicide ait une signification politique, c’est ce que nous pourrions envisager en apprenant le décès de Mohamed Bouazizi par le feu (et celui d’au moins cinq de ses camarades en trois semaines). Et surtout depuis que, de fil en aiguille, après ce suicide, manifs après manifs, morts après morts, Ben ali a quitté le pouvoir.
Suicide par le feu….. le feu aux poudres….. La poudre explose……
Le rapprochement ne serait-il pas trop simple à établir ? Un suicide a-t-il vraiment des effets politiques ? Dans quelle conditions, s’il y en a ?
Nous voyons immédiatement le dilemme. Si seule une certaine forme d’action publique, par le sacrifice de soi, permet d’obtenir des effets réels, des effets concrets dans la réalité politique commune et pas seulement pour soi, alors, existe-t-il d’autres formes d’action politique qui aient une efficacité semblable ? Pour le dire clairement, faudrait-il nécessairement se suicider pour faire bouger les choses ?
Voici la position de Hannah Arendt sur la question : http://psychanalysesuicide.free.fr/?p=105. Pour l’auteur, l’acte a une valeur fondatrice dans le discours, il pose la première pierre d’une construction. Un acte « individuel » est inconcevable, le sujet émerge à partir de son statut de citoyen. L’acte d’un sujet est inscrit dans l’histoire de la cité et il répond au discours politique qui en a donc été la condition d’émergence. Selon ce point d’Arendt, Lucrèce est le prototype même du suicide politique.
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