Un aperçu des modalités "caractéristiques" du suicide des hommes et des femmes

Ludwig Binswanger était d’abord psychiatre à la clinique du Burghozli dirigée par Eugen Bleuler. Après sa rencontre avec Freud, il échange avec lui une correspondance assez volumineuse. Il crée ensuite la Daseinanalyse qui inspire la phénoménologie.
Dans l’une de ses lettres [1], Freud évoque d’abord le cas d’une patiente de Binswanger, Mlle Faure (le cas serait publié ( ?) dans Essai d’analyse d’une hystérie, 1909).
Mlle Faure a le fantasme d’une grossesse. Inconsciemment, elle considère que la grossesse est un empoisonnement. Sa peur de l’infection recouvre son envie d’avoir un enfant.  Continuer la lecture de « Un aperçu des modalités "caractéristiques" du suicide des hommes et des femmes »

Les modalités sexuées du suicide selon Freud

Voici une lettre de Sigmund Freud adressée à Binswanger, publiée dans la correspondance (Sigmund Freud – Ludwig Binswanger : correspondance, 1908-1938, trad. R. Menahem et M. Strauss, Calmann-Lévy, Paris, 1995).

Cette lettre est précieuse pour poursuivre la réflexion à propos du suicide. En particulier, le commentaire centré sur la différence des sexes qui pourrait faire croire qu’il existe un suicide d’homme et un suicide de femme. Continuer la lecture de « Les modalités sexuées du suicide selon Freud »

L’étonnant sang-froid en présence de prétendus accidents, le suicide inconscient, 4

Dans son chapitre 8 de la Psychopathologie de la vie quotidienne 1, Freud s’appuie sur des exemples cliniques pour étayer la thèse que les actes manqués relèvent d’intentions inconscientes sexuelles et multiples. Il en arrive alors à considérer les effets de ces actes manqué qui pour la plupart paraissent anodins pour leur auteur.
Peu-il arriver que ces actes manqué aient des effets graves ? Continuer la lecture de « L’étonnant sang-froid en présence de prétendus accidents, le suicide inconscient, 4 »

Le dédoublement de l’acte, Le suicide inconscient, S. Freud, 3

Dans son chapitre 8 de la Psychopathologie de la vie quotidienne 1, Freud étudie les actes maladroits. Il a commencé par distinguer les actes par méprise, des actes symptomatiques. En précisant les actes par méprise, il en est venu à souligner leur « déterminisme symbolique ». L’acte manqué représente un objet. Il traduit une intention inconsciente à l’égard de cet objet initial que le deuxième objet sur lequel porte l’acte vient représenter à son tour.
Freud en vient alors à évoquer l’observation de MJ Jekels publiée en 1913 dans le journal international de psychanalyse, p.195 à 197. Continuer la lecture de « Le dédoublement de l’acte, Le suicide inconscient, S. Freud, 3 »

Le "trouble fête" de l'amour déclenche le suicide

Mis à part le cas de la jeune homosexuelle, Freud a aussi analysé le cas du suicide de Nathanaël raconté par E. T. W. Hoffman dans le conte passionnant de L’homme au sable, dont j’ai fait un premier commentaire.
Cette analyse de Freud me parait très importante pour la compréhension du suicide par la psychanalyse.
Je souhaite y revenir en détail. Car Freud évoque la « compulsion de répétition » qui a quelque importance dans le suicide. Mon commentaire est une deuxième étape qui ne sera sans doute pas la dernière. Veuillez m’en excuser l’aridité et la sécheresse.
Dans le conte d’Hoffman, l’angoisse serait liée au doute sur la vie d’une poupée. Est-ce que la poupée Olimpia est vivante ? Sinon, un robot peut-il devenir humain ? L’angoisse serait-elle comme une peur du robot. Continuer la lecture de « Le "trouble fête" de l'amour déclenche le suicide »

Un suicide à retardement : le Nathanaël de Freud

Nathanaël rencontre l’homme au sable à trois reprises. A chaque fois, il en est effrayé. A la troisième, il se jette du haut d’une tour et se fracasse le crâne.

Pourquoi Nathanaël ne se suicide-t-il qu’à la troisième rencontre ? Et pas à la première ou à la deuxième ?

Le suicide de Nathanaël n’est pas souvent cité par les psychanalystes. Le commentaire de Freud est pourtant aussi célèbre que son « Deuil et mélancolie ». Qui n’a pas entendu parler d’inquiétante étrangeté ?

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L'angoisse

Lacan J., le séminaire livre VI, Paris, Seuil, 2004
(Extraits de la version ALI)
Leçon du 28 novembre 1962

« C’est dans la mesure où une identification tout à fait différente que j’ai appelé identification avec Ophélie, c’est dans la mesure où l’âme furieuse d’Ophélie… c’est au moment de la révélation de ce qu’a été pour lui cet objet négligé, méconnu, que nous voyons là jouer dans Shakespeare à nu cette identification à l’objet du deuil … Cette identification à l’objet du deuil… l’entrée en Hamlet de la fureur de l’âme féminine, c’est ce qui lui donne la force de devenir à partir de là, ce somnambule qui accepte tout, jusque et y compris dans le combat d’être celui qui tient l’enjeu, qui tient sa partie pour son ennemi, le roi lui-même, contre son image spéculaire qui est Laërte. » Continuer la lecture de « L'angoisse »

Le désir et son interprétation

Lacan J., le séminaire livre VI
(Extraits de la version ALI)
Leçon du 11 mars 1959

« Et, le prenant littéralement à genoux et à sa merci, sans être vu par le roi, Hamlet a la vengeance à sa portée. C’est là qu’il s’arrête avec cette réflexion: est-­ce qu’en le tuant maintenant il ne va pas l’envoyer au ciel, alors que son père a beaucoup insisté sur le fait qu’il souffrait tous les tourments d’on ne sait pas très bien quel enfer ou quel purgatoire ? Est-ce qu’il ne va pas l’envoyer droit au bonheur éternel ? C’est justement ce qu’il ne faut pas que je fasse… Continuer la lecture de « Le désir et son interprétation »

La dimension collective au travail compte autant que la dimension individuelle (Pr Debout)

Le Pr Michel Debout prend position en faveur d’un « observatoire des conduites violentes » pour développer une « médecine de la perte d’emploi ». 
Serge Carnasse a interviewé le Pr Michel Debout, président de l’Union Nationale pour la Prévention du Suicide, au mois d’avril 2012. Voici un résumé succinct de ses propos. Continuer la lecture de « La dimension collective au travail compte autant que la dimension individuelle (Pr Debout) »

L'état doit payer

La crise financière européenne serait-elle un nouveau jour qui se lèverait sur le champ de la compréhension du suicide ? La presse relaie-t-elle une thématique nouvelle en matière de suicide ? Il semblerait qu’une nouvelle dimension du suicide vienne d’émerger. Certains suicides seraient un appel à ce que l’état assure la survie des citoyens. Il s’agirait de se faire payer ou mourir.
La presse se fait le relais d’annonces centrées par l’idée que la crise financière européenne alimenterait le suicide, en augmentant sa fréquence. De fait, les articles se focalisent sur qui cela peut-il toucher. Quelles sont les personnes concernées par la crise qui seraient plus sensibles à l’idée du suicide ? Continuer la lecture de « L'état doit payer »