Elle fabriquait des ipads….

L’exploitation du travail de l’homme par l’homme, existe ! Elle se trouve en Chine.

Et nous en sommes les exploitants !

Tian Yu, employé par Foxconn, un sous-traitant de Apple, qui fabrique les ipads, travaille 12 heures par jours, six jours par semaine, sous-payée et vivant loin de sa famille. Elle s’est jetée par la fenêtre le 17 mars 2020. Continuer la lecture de « Elle fabriquait des ipads…. »

Le suicide n'est pas la seule réponse politique possible !

La tribune de Marcela Iacub est claire et nette ! Il existe d’autres réponses politiques possibles à formuler dans les situations de crise. Il y a d’autres façons de contester.
Mais, privilégier le suicide comme seule et unique réponse possible, relève du symptôme. Cette idée tendancieuse signe la « psychologisation » du rapport de force entre le capital et le travail. Elle revient à effacer et censurer toute idée d’exploitation. Or, il s’agit de ne pas en oublier la réalité.
Il est très utile de lire son article paru dans Libération, le 17 mai 2013 : « Depuis quelques années, les conditions de travail provoqueraient des suicides. Les médias (Libération du 29 avril) ne cessent de souligner ce «phénomène nouveau» comme si les rapports de causalité entre le mal au travail et le suicide étaient évidents. Comme si ce geste ultime était une réaction aussi banale face à l’adversité au travail qu’une crise de nerfs ou une dépression nerveuse. Les travailleurs qui souffrent ont pourtant d’autres issues que de se suicider « . Lire la suite

La dimension collective au travail compte autant que la dimension individuelle (Pr Debout)

Le Pr Michel Debout prend position en faveur d’un « observatoire des conduites violentes » pour développer une « médecine de la perte d’emploi ». 
Serge Carnasse a interviewé le Pr Michel Debout, président de l’Union Nationale pour la Prévention du Suicide, au mois d’avril 2012. Voici un résumé succinct de ses propos. Continuer la lecture de « La dimension collective au travail compte autant que la dimension individuelle (Pr Debout) »

Le suicide reconnu comme maladie professionnelle

L’Assurance Maladie a requalifié le suicide d’un salarié de France Telecom Orange en maladie professionnelle. Le comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles de Besançon dans le Doubs vient de reconnaître que le suicide de Nicolas Grenoville, un employé de France Télécom, est bien « d’origine professionnelle ». Continuer la lecture de « Le suicide reconnu comme maladie professionnelle »

Suicide et activité professionnelle, rapport de l'INVS

Les premières données statistiques sur le suicide au travail viennent de sortir. Elle sont présentées par C. Cohidon, B. Geoffroy-Perez, A. Fouquet, C. Le Naour, M. Goldberg et E. Imbernon (INVS : Institut National de Veille Sanitaire) dans un rapport intitulé : « Suicide et activité professionnelle en France, premières exploitations de données disponibles ».
L’avantage de la « science » statistique, c’est de permettre, grâce à la manipulation des chiffres, de dire que le nombre de suicides au travail n’a pas augmenté quand l’opinion publique a l’intuition du contraire ! Et de prétendre en plus que cette assertion est vraie, scientifique, argumentée et par là même, prouvée !
Derrière cet énorme écran de fumée, remarquez bien une chose : ce rapport n’aborde surtout pas la question de savoir pourquoi les gens pourraient-ils bien se suicider à cause de leur travail ?
En psychanalyse, au contraire, nous ne donnons pas notre langue au chat. Nous tournons notre langue dans notre bouche et puis nous tentons de dire pourquoi une personne tente de mourir.
Voici la conclusion du rapport de l’INVS :

« La conduite suicidaire est un processus complexe et multifactoriel. S’il est aujourd’hui difficile de comptabiliser le
nombre exact de suicides en lien avec le travail, il existe néanmoins certaines données permettant d’approcher cette
problématique. Cette étude a pour objectif de décrire la mortalité par suicide et son évolution au cours du temps
dans la population des salariés (hommes) selon les secteurs d’activité auxquels ils appartiennent.
La description de la mortalité par suicide provient du projet Cosmop du Département santé travail de l’InVS.
Il s’appuie sur les données issues du panel DADS (Déclaration annuelle des données sociales) de l’Insee
(Institut national de la statistique et des études économiques) couplées aux causes médicales de décès du CépiDc
(Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès) de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche
médicale). Les taux de mortalité par suicide (standardisés sur l’âge) ont été calculés chaque année de 1976 à 2002
selon le secteur d’activité de l’employeur et le groupe socioprofessionnel du salarié.
Sur la période 1976-2002, le taux standardisé de mortalité par suicide est estimé à 25,1/100 000 (en population
ce taux est de 33,4/100 000, même standardisation). On ne constate pas d’évolution notable au cours du temps.
En revanche, les taux de mortalité diffèrent sensiblement selon les secteurs d’activité. Le secteur de la santé
et de l’action sociale présente le taux de mortalité par suicide le plus élevé (34,3/100 000) puis viennent ensuite
les secteurs de l’administration publique (en dehors de la fonction publique d’État) (29,8/100 000), de la construction
(27,3/100000) et de l’immobilier (26,7/100 000). L’analyse par groupe socioprofessionnel montre des taux de mortalité
près de trois fois plus élevés chez les employés et surtout chez les ouvriers par rapport aux cadres.
Cette étude montre des inégalités de mortalité par suicide selon les secteurs d’activité. On observe, en revanche,
une relative stabilité dans le temps dans cette population au travail entre 1976 et 2002, superposable à l’évolution
observée en population générale. Malgré certaines limites (en particulier l’absence de la population d’étude
de salariés de la fonction publique d’État) cette étude permet de proposer une première approche des liens entre suicide et activité professionnelle en France ».

Consulter le Rapport de l’INVS : « Suicide et activité professionnelle en France, premières exploitations de données disponibles »

Questions de M. Magnaudeix autour d'un suicide à La Poste

Mathieu Magnaudeix a mené l’enquête à La Poste après une série de suicide jusqu’à il y a encore très peu de temps… C’est un document important qui retrace un historique détaillé de la crise en cours.
En voici juste le premier paragraphe :  » Un suicide garde toujours une part de mystère. Mais Robert Palpant aurait-il mis fin à ses jours à cause de son travail? Depuis lundi, date à laquelle ce suicide a été révélé par Europe-1, La Poste et la famille de ce postier de Vitrolles (Bouches-du-Rhône), un homme de 55 ans marié et père de deux enfants, avancent deux versions différentes pour expliquer le geste de ce caissier, qui s’est jeté sous un TGV samedi dernier. Ses funérailles ont lieu ce jeudi à Marignane.
La CGT des Bouches-du-Rhône relie clairement ce suicide aux conditions de travail et dénonce un mal-être grandissant dans l’entreprise, pointé en mai dernier de façon solennelle par des médecins du travail dans une lettre au président Jean-Paul Bailly. »
Pour lire la suite de l’article de M. Magnaudeix, cliquer ici sur ce lien
Un article de 2008 du blog sur le sujet : http://psychanalysesuicide.free.fr/?p=242

Défenestration à la BNP : la direction n'a pas "constaté de situation alarmante !"

Les suicides à la BNP Paribas sont loin d’être clairs ! Malgré la démarche des syndicats, la réunion d’un comité d’hygiène et de sécurité (CHSCT) en urgence et l’enquête de Didier Arnaud de Libération, les circonstances du décès d’une cadre supérieure de la banque restent obscures.
Ghislaine était « déontologue » de la banque. Une fonction dont peu de gens connaissaient l’existence avant d’apprendre ce décès. Pour le public des usagers, profanes des us et coutumes de la banque, il y avait la « médiation ». Mais, qui pouvait bien connaitre l’existence de la « déontologie » dans une banque ?
La réponse de la direction de la BNP est franchement anti-Wikileaks : circulez, il n’y a rien à voir ! Nous n’avons pas « constaté de situation alarmante dans l’entité dans laquelle  » elle travaillait. Et si, d’aventure, vous cherchiez à établir un lien de cause à effet, la direction vous avertit immédiatement : « il faut rester prudent avant de tirer des conclusions ». Autrement dit, n’y regardez pas de trop près !
Clairement, c’est obscur !
Ci-dessous, figure le début du récit de Didier Arnaud
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Suicide en sourdine à la BNP Paribas

Libération, le 22 12 2010

Après la mort, en octobre, d’une cadre qui s’était heurtée à un supérieur, et devant le mutisme de la direction, des collègues ont saisi les syndicats.

Par DIDIER ARNAUD

Ghislaine, 44 ans, mère de deux enfants, est cadre à la BNP Paribas, à Paris. Elle travaille tard le soir. Le week-end, elle rapporte ses dossiers chez elle. Elle a du mal à faire face. Ghislaine demande une assistante pour la seconder. La veille d’un week-end, un directeur commercial, apparemment en désaccord avec elle, surgit dans son bureau, un club de golf à la main. Très vite, le ton monte, des collègues se précipitent dans le bureau de Ghislaine, pour séparer les protagonistes. Quelque temps après, elle s’ouvre de cette altercation à son directeur général. «Il lui a répondu qu’il partait en vacances et qu’ils verraient cela à son retour», assure Marc Cohen-Solal, syndicaliste à la CGT. Le directeur général lui reproche de «surréagir», lâchant en substance : «Vous l’avez peut-être un peu cherché.»
«Déontologue». Quelques jours après, le 23 octobre, Ghislaine se donne la mort. Elle ne laisse aucune trace écrite. Ghislaine était «déontologue», un poste de cadre supérieur. Il y en a 2 000 comme elle à la BNP Paribas. Un travail qui consiste à s’assurer, via des contrôles, que les règles juridiques et éthiques de l’activité bancaire sont respectées.
La suite de l’article sur le site de Libération

Psychanalyse au travail : du symptôme au suicide, le 08 janvier 2011 à Lille

Journée d’étude organisée par ALEPH et CP-ALEPH

Samedi 8 janvier 2011 (9h – 18h)

Skema de Lille, avenue Willy Brandt, 59000 Lille (Euralille), amphi A
Ouvert à tous, participation aux frais 30€ (10€ pour les étudiants et les demandeurs d’emploi)
Renseignements : www.aleph.asso.fr

Argument

Au cours des dix dernières années, le thème du travail et les problématiques politiques et sociales qui lui sont associées ont émergé régulièrement sur la scène médiatique : débat autour de la réduction ou de l’augmentation du temps de travail, loi sur le harcèlement moral au travail, questionnements récurrents sur la « perte de sens » au travail, etc. Plus récemment, la question du suicide au travail a pris une ampleur particulière avec la série de suicides survenus au technocentre de Renault, au point que le ministère du travail a commandé en mars 2008 une étude épidémiologique sur le stress au travail. Cette tendance s’est accentuée non seulement en France mais aussi en Chine, au Japon, en Inde, en Italie, etc. Le suicide au travail paraît ainsi accompagner l’extension de la mondialisation et de ses crises.
Alors que semblent s’opposer d’un côté un discours médiatique accusateur qui rend l’organisation du travail responsable de ces suicides et, de l’autre, un déni des directions concernées qui essaient d’effacer tout lien entre le travail et la souffrance psychique, il nous semble essentiel de rétablir la dimension subjective qu’escamotent ces positions contraires. La psychanalyse permet en effet d’interroger d’une autre façon le rapport complexe du sujet au « travail », et sa rencontre singulière avec des situations concrètes de travail.
Intimement lié au désir, le travail peut être une source de création, l’occasion de dépasser des contraintes, un terrain d’expérimentation ou de découverte. Il peut être la scène sur laquelle le sujet cherche à faire reconnaître sa singularité, tout en étant reconnu socialement et intégré. Ainsi Freud a souligné la valeur du travail, conçu comme une des voies possibles de la sublimation qui permet « d’(y) transférer les composantes narcissiques, agressives, voire érotiques de la libido »1.
Il implique dans tous les cas une confrontation au réel, soit à ce qui dans la réalité, est « impossible à supporter ». Il prend ainsi pour le sujet la place d’un symptôme : « ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire », selon Lacan, soit ce qui insiste dans la réalité comme un « os » voire un problème. Il est alors la source d’une souffrance qui peut, dans certains cas, mener à l’extrême du suicide.
Lien privilégié entre l’individu et la société, le travail est une part éminente du « Malaise dans la culture » décrit par Freud. Dans ce colloque, qui réunira des psychanalystes et des spécialistes du monde du travail, nous explorerons la place, toujours singulière, du travail dans la subjectivité de celui qui travaille…ou ne travaille pas. Nous réfléchirons donc aux raisons pour lesquelles le travail, dans notre société, a valeur de symptôme : symptôme individuel dont le sujet ne cesse de parler et/ou de se plaindre, symptôme collectif quand il devient un signifiant incontournable du discours économique, politique ou médiatique mais également du discours commun. Nous chercherons aussi les causes de la vague actuelle de suicides au travail. Nous soumettrons à une interrogation critique les pratiques qui se développent dans le monde du travail, se généralisent à toutes les institutions passant de l’entreprise à l’école, l’université, l’hôpital, l’administration, sur le postulat de leur nécessité soi-disant évidente. Quid, par exemple, du recours systématique à l’évaluation, avec ce qu’elle suppose de formatage et de normalisation irréversibles : l’évaluation ne revient-elle pas finalement à une demande d’effacement du singulier, et au désir de faire disparaître ce qui relève du sujet dans le travail ? Pourquoi l’évaluation séduit-elle tellement, malgré l’appauvrissement des pratiques auquel elle conduit ? Cet effacement du sujet serait-il rassurant pour certains ?
1 Freud S., Le malaise dans la culture, PUF, 2007

Programme

9 h – Accueil des participants
9 h 15 – Introduction
Franz Kaltenbeck, psychanalyste, rédacteur en chef de la revue Savoirs et clinique
9 h 30 – 11 h
Présidente de séance : Bénédicte VIDAILLET, de conférences à l’Université de Lille 1
« Aime ton travail comme toi-même ! »
Geneviève MOREL, psychanalyste, docteur en psychologie clinique et psychopathologie, auteur, entre autres, de Clinique du suicide (sous la dir. de, Erès, 2002 et 2010)
Au moment de la grande dépression de 1929, Freud notait que « La grande majorité des hommes ne travaille que par nécessité, et les problèmes sociaux les plus difficiles proviennent de cette aversion naturelle des hommes pour le travail » (Le malaise dans la civilisation, ch.2). La nécessité est pour Lacan une caractéristique du symptôme — ce qu’est devenu le travail pour nombre d’analysants qui en parlent à longueur de séance. Ils ne témoignent cependant de nulle aversion mais plutôt d’une aspiration angoissée à bien faire leur travail, au-delà de tout motif rationnel comme la peur d’être « viré » en cette période de crise. Ils en sont même si tourmentés que l’on peut se demander si « Aime ton travail comme toi même ! » n’est pas un commandement du surmoi culturel de notre époque. Nous étudierons cliniquement les formes prises par cette idéologie du travail bien fait dans une société qui ne protège plus guère de diverses formes de précarité.
Suicide au travail : organisation du travail et responsabilité
Rachel SAADA, avocate, spécialiste de droit social, défend les familles de salariés qui se sont suicidés
Argument à préciser
11 h – 11 h 15 Pause café
11 h 15 – 12 h 45
Présidente de séance : Chantal DALMAS, psychiatre et membre de l’Aleph
« Pèse-moi ! » ou : de l’étrange désir d’être évalué
Bénédicte VIDAILLET, maître de conférences à l’Université de Lille 1, auteur de Les ravages de l’envie au travail (2007, Prix du livre RH Science Po/Le Monde)
On ne compte plus le nombre de recherches montrant que le développement systématique des systèmes et outils d’évaluation dans de nombreuses organisations a des conséquences désastreuses : inhibition du travail en équipe, compétition stérile, appauvrissement de l’activité, intensification du travail, production de contre-performances, etc. La plupart des personnes s’en plaignent. Pourtant force est de constater que ces méthodes ne cessent de se développer. Nous posons l’hypothèse que ce développement fulgurant n’est rendu possible que grâce au consentement, plus ou moins caché sinon inconscient, des salariés eux-mêmes. Ceux-ci ne sont pas simplement victimes d’un système ; ils y participent activement. A quelle demande inconsciente correspond le désir d’être évalué ? A qui cette demande s’adresse-t-elle et que met-elle en jeu ? De « comme sortir de l’idéologie de l’évaluation ?», la problématique devient alors : « comment faire sortir de soi l’idéologie de l’évaluation ? »
Commentaire de Chantal DALMAS : l’évaluation en psychiatrie
Présentation et projection du film « Et voilà le travail ! »
Florette EYMENIER, réalisatrice
Premier Prix au Festival de l’Acharnière (mai 2010), sélectionné au Festival Documentaire Traces de vie (novembre 2010) et au Festival Filmer le travail (janvier 2011), Et voilà le travail ! est un film de 17 minutes, qui met en forme le travail du XXI° siècle. A partir de témoignages de travailleurs très divers – du cadre « nomade » à l’intérimaire en passant par le stagiaire ou l’opératrice d’un centre d’appel -, des récits ont été écrits puis portés à l’écran par des comédiens. Parce qu’ils sont portés par d’autres corps, à la fois relais et alias, ces textes ainsi devenus génériques montrent de manière saisissante combien la « nouvelle économie » trouve son principe formel dans la désincarnation même des rapports sociaux.
12 h 45 – 14 h 15 Déjeuner
14 h 15 – 15 h 45
Président de séance : Philippe SASTRE-GARAU, psychiatre, psychanalyste et membre de l’Aleph
Suicide au travail : du diagnostic à la prévention
Dominique HUEZ, médecin du travail, auteur de Souffrir au travail : comprendre pour agir (2008), Président de l’association Santé et médecine du travail
Comment le travail peut-il nous pousser au suicide ? Quel rapport y a-t-il entre un mal de dos et un travail auquel vous pensez, chaque jour, en vous disant : « J’en ai plein le dos » ? Est-ce une première étape qui, de fil en aiguille, va vous conduire vers l’arrêt de travail, puis, qui sait, vers une dépression et même un suicide ? A partir de mon expérience en tant que médecin du travail depuis trente ans, j’aborderai la question du suicide au travail et de ses causes, notamment organisationnelles. Je réfléchirai également au rôle du médecin du travail, à la manière dont il peut prévenir et dépister les atteintes à la santé du fait du travail, à la posture éthique qui peut le guider et aux moyens pratiques (travail en réseau, formation, etc.) qui lui permettent de jouer pleinement son rôle.
Dire que non…Portrait de Bartleby en révolutionnaire
Sylvette EGO, formatrice d’adultes, membre de l’Aleph
Gilles Deleuze et Slavoj Zizek font de Bartleby, personnage éponyme d’une nouvelle de Melville, l’emblème d’une véritable alternative à la subordination dans le travail. La « formule » de Bartleby : «I would prefer not to», et les effets qu’elle produit, sont au centre de leur interprétation. Cette promotion semble se faire au prix d’une sorte d’oubli des deux auteurs : la fin tragique de Bartleby. Sa mort rend pourtant le récit moins « violemment comique » que ne le dit Deleuze et laisse perplexe sur la portée révolutionnaire du renoncement de Bartleby que pose Zizek ; même si tous deux s’accordent finalement à voir de la violence dans ce que crée le personnage. S’il n’est guère possible de faire une analyse du personnage Bartleby en termes de structure psychique, puisqu’il parle si peu, il peut être intéressant d’interroger ce qui engage les deux auteurs à situer l’alternative au processus capitaliste dans la souffrance d’un « au moins un » qui le mettrait en cause.
15 h 45 – 16 h Pause café
16 h – 17 h 45
Président de séance : Jean-Claude DUHAMEL, psychologue clinicien et membre de l’Aleph
Le travail, un possible anti-dépresseur ?
Aurélien ROCLAND, auteur – réalisateur, co-auteur de la série documentaire « 1000 chercheurs parlent d’avenir »
En octobre dernier, 21 chercheurs de tous horizons ont été interrogés à propos de leur métier et de leur vision de l’avenir. Quels mots ont-ils choisi face à la caméra ? Le résultat inattendu de cette rencontre entre l¹art et la recherche est assurément l¹émergence quasi-systématique d¹une subjectivité où transparaît le point d’appui que peut constituer le travail pour les individus lorsque celui-ci leur apporte une satisfaction évidente. Grâce au lien aux autres qu’il organise et qu’il soutient et parce qu’il reste en lien avec le désir, le travail, dans ce cadre particulier apparaît comme le meilleur antidépresseur qui soit.
Le travail n’est pas sans risque
Dr Emmanuel FLEURY, psychiatre, psychanalyste, Lille
Comment passe-t-on de la « sécurité sociale » (Conseil National de la Résistance, 1944) aux « risques psycho-sociaux » du rapport Légeron et Nasse en 2008 ? Disons-le tout net, alors que les firmes comme Apple affichent une fraternité qui cache mal la tyrannie régnant dans ses ateliers délocalisés en Asie (Foxconn), la prévention des risques plonge l’idéal de sécurité dans l’horreur de l’esclavage. L’histoire d’un cadre travaillant dans une institution publique en voie de privatisation me permettra de montrer la dangereuse glissade de la « sécurité » au « risque » qui a manqué de l’entrainer dans la destruction pure et simple.

Renseignements pratiques

Skema de Lille, avenue Willy Brandt, 59000 Lille (Euralille), amphi A
Participation aux frais 30€ (10€ pour les étudiants et les demandeurs d’emploi)
Renseignements www.aleph.asso.fr – contacter Bénédicte Vidaillet (bvidaillet@aleph.asso.fr) uniquement pour les demandes d’informations non trouvées sur le site

Skema de Lille, avenue Willy Brandt, 59000 Lille (Euralille), amphi AOuvert à tous, participation aux frais 30€ (10€ pour les étudiants et les demandeurs d’emploi)Renseignements : www.aleph.asso.fr

Le lien entre arrêt de travail et suicide

L’équipe du Dr Maria Melchior, de l’Inserm, vient de sortir une étude baptisée Gazel. Cette étude porte sur les agents EDF et GDF. La question est de savoir quel est le lien entre les arrêts de travail et leur santé. Il apparait que les pathologies psychiatriques et le suicide sont très présents au cours de ces arrêts de travail. Mais les questions posées ne sont pas les bonnes.
Cette étude est assez conséquente : depuis 1989 et portant sur près de 20 000 employés. Elle est « prospective », c’est-à-dire que les chercheurs sont censés ne pas avoir d’à priori, qu’ils recueillent les infos au fur et à mesure au cours des années, puis font le point à la fin. En principe, si de nouvelles questions se posent en cours de route, elles sont exclues puisqu’elles n’ont pas été évoquée au début de l’étude. C’est l’inconvénient de ce système.
Par exemple, si l’on en vient à suspecter le rôle du nouveau management dans l’apparition des maladies, et bien ce problème ne fera pas partie de l’étude.
Un autre exemple de question que ce genre d’étude ne pourra jamais se poser : la séparation des deux entreprises en EDF et GDF. Comment la nouvelle répartition des agents et la façon dont elle est décidée peut-elle peser sur les agents. Ne serait-il pas concevable qu’une nomination imposée à un endroit qui ne vous convient pas vous pousse à l’acte ?
En somme c’est assez simple la statistique : en limitant les questions à poser, on évite de se lancer dans les réponses foireuses !
Ceci dit, les résultats paraissent bien modestes. Oui, c’est vrai, on se suicide beaucoup parmi les agents absents. On en meure même beaucoup…
Mais, restons « prudents », le Dr Melchior se garde bien de « conclure que l’arrêt de maladie pour raisons psychiatriques est la cause du décès par le suicide », n’est-ce pas. Il s’agirait de ne pas mettre en cause l’organisation du travail, ce serait trop grave…
Alors dans ces conditions, à quoi cela peut-il servir d’avoir un « marqueur important et fiable de l’état de santé des personnes », si c’est pour fermer les yeux sur les questions qui fâchent ?

La police judiciaire de Paris enquête sur les suicides chez Orange France Telecom

La police judiciaire de Paris, soit la brigade de répression de la délinquance à la personne, est saisie par le parquet de Paris, de l’enquête sur les suicides chez France Telecom Orange.
En avril 2010, le parquet de Paris avait ouvert une instruction judiciaire contre France Telecom – Orange, après le signalement de S. Catala, inspectrice du travail, auprès du procureur de Paris, pour infractions aux dispositions de l’article L1152-1 et L1152-2 du code du travail: méthodes de gestion caractérisant le harcèlement moral, en application de l’article 40 du code procédure pénal. Nous avions commenté cette décision en son temps.

orange

Entre-temps, le nouveau Président-Directeur Général (PDG) du groupe France Télécom, Stéphane Richard, a décidé de requalifier en juillet 2010, un suicide de juillet 2009, en accident du travail. Non sans un très opportuniste cynisme : cette requalification viserait à « remettre l’humain dans l’action »…..
Un point de législation sur le suicide considéré comme accident du travail
Les reportages de Daniel Mermet dans « là-bas si j’y suis » sur « Orange stressée »
Commentaire sur RTL sur l’enquete de la PJ
Annonce de la décision parquet de Paris
Annonce de requalification par le PDG