Mélanie Klein n’a pas beaucoup parlé du suicide. Il faut chercher pour trouver des références dans sa production. Mais, il y a quand même quelques références. Cette absence de commentaire est surprenante. Son frère était pourtant mort jeune. Et, sa mort ressemblait assez fortement à un suicide…
Dans Essai de psychanalyse, en 1940, p. 367, Mélanie Klein évoque le cas de D. Sa mère va décèder au cours de son analyse. D. a jeté sa voiture contre un poteau. c’était une « tentative inconsciente de suicide, dont le but était de détruire » les mauvaises représentations de ses parents. Son suicide était donc « une représentation en même temps qu’une extériorisation d’un désastre intérieur ». De quel « désastre » ? D. n’avait pas conscience de sa haine. Identifié à sa mère, il s’en prennait à elle.
En 1934, Mélanie Klein avait déjà évoqué le cas de D. Son interprétation est classique et freudienne: « le suicide est dirigé contre l’objet introjecté » p. 326 et 327. C’est un acte lancé comme une flèche par un arc dont la cible est une représentation. Mais, elle s’intéresse aussi aux bénéfices escomptés du passage à l’acte. Car, le suicide « vise tout aussi bien à sauver » les « objets d’amour ».
Le sujet souhaite se « débarasser » de « quelque objet réel » : la partie du moi identifiée à l’objet de sa haine. Une haine « dangereuse, incontrôlable et sans cesse jaillissante » qui constitue une menace. Si je supprime ma haine en me détruisant, alors, celui ou celle que j’aime survivra. Klein pense qu’en faire prendre conscience au sujet lui permettra de dépasser le désastre.