Pringuet : le sottisier médical et la bosse du suicide

Pringuet privilégie et revendique la complexité pour la compréhension du suicide. Pour lui, le suicide est « un symptôme dont le sens doit être compris avant d’y remédier ».

Sage précaution !

Notre époque médicale est dans une phase où règnent les neurosciences et le cognitivisme. En matière de suicide, nos vaillants chercheurs en neurosciences ne désespèrent pas de trouver LA zone cérébrale du suicide ou LE gène qui commanderait au suicide. Non exempt d’enjeux commerciaux, l’IRM est une machine qui coûte très cher, les tests de biologie ont aussi un coût non négligeable, cette tendance forte de la médecine est aveuglée par le profit qu’elle pourrait retirer d’une telle découverte.

Et c’est pour cela que l’approche de Pringuet est salubre. Ne pas oublier les leçons de l’histoire de la médecine et de la pensée, nous introduit à la prudence. Et Pringuet de dénoncer le « sottisier médical » en matière de suicidologie.

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L’anti-politique du suicide

Pour répondre à la question du suicide comme acte politique, il faudrait parvenir à montrer que cet acte transforme l’opinion publique, change les esprits, modifie le monde dans lequel nous vivons. C’est-à-dire distinguer entre la visée de l’acte (par le sujet) et son effet (public, dans l’Autre, les discours ou la réalité).
Quoi qu’en dise Carlos Ghosn, ou plutôt, quoiqu’il en veuille, les suicides en série chez Renault au Technocentre, dans leur répétition même, par leur aspect cumulatif, ont eu au moins cet effet de le contraindre à proposer des mesures pour le groupe. Continuer la lecture de « L’anti-politique du suicide »

D'un acte qui ne soit pas politique ?

L’acte politique d’après Arendt, peut aussi bien conduire à une répétition mortelle qu’à une création. Pour le suicide, nous tombons sur une double division pour l’acte.

La fausse distinction entre un suicide qui échoue et un suicide qui réussit, renvoie à la différence entre un acte répète l’existant, qui reproduit sans modifier les choses, qui ne change rien, et un acte qui prend une signification nouvelle, un acte créateur de signification susceptible d’une reprise dans l’opinion publique, d’un changement dans le discours, un acte qui a un effet de signification valable pour tous. C’est-à-dire, un acte qui a une portée politique. Continuer la lecture de « D'un acte qui ne soit pas politique ? »

Les deux appels de l’acte : inédit et pensée

Arendt cherche surtout une définition de l’acte qui ait une portée politique. Nous cherchons à en voir l’intérêt pour le suicide.

Politique ? 

C’est-à-dire qui touche à l’universel, nous concerne. Non pas une partie des hommes, une faction, un groupe politique, une classe sociale ou une individualité, un Roi, un tyran, un leader. Une action politique qui pourrait atteindre tous les hommes et les mobiliser. En ce sens, elle porterait au-delà de l’individu qui en est l’auteur. C’est tout le paradoxe d’un acte particulier dont les effets seraient universels.

A ce niveau, la recherche d’Arendt ne serait-elle pas une utopie ? Continuer la lecture de « Les deux appels de l’acte : inédit et pensée »

Un acte public ou privé ?

Vient une question sur l’acte à propos du suicide. Peut-on le considérer comme une fin, un terme, la borne d’un parcours qui marque le point d’achèvement d’un projet ? Le suicide peut-il avoir une direction, désigner un point vers lequel il va tendre et vers lequel l’acte sera orienté ? Ce point est-il politique ?

La lecture de Hannah Arendt, en particulier La crise de la culture conduit à cette remarque. Essentiellement politique, l’acte est un début. Il est fondateur et tranche sur ce qui précède. Ce n’est pas le terme d’un parcours dont il serait possible de déduire la fin. Au contraire, il tranche sur ce qui précède. Continuer la lecture de « Un acte public ou privé ? »

Le suicide a-t-il une signification politique ?


Que le suicide ait une signification politique, c’est ce que nous pourrions envisager en apprenant le décès de Mohamed Bouazizi par le feu (et celui d’au moins cinq de ses camarades en trois semaines). Et surtout depuis que, de fil en aiguille, après ce suicide, manifs après manifs, morts après morts, Ben ali a quitté le pouvoir.
Suicide par le feu….. le feu aux poudres….. La poudre explose……
Le rapprochement ne serait-il pas trop simple à établir ? Un suicide a-t-il vraiment des effets politiques ? Dans quelle conditions, s’il y en a ?
Nous voyons immédiatement le dilemme. Si seule une certaine forme d’action publique, par le sacrifice de soi, permet d’obtenir des effets réels, des effets concrets dans la réalité politique commune et pas seulement pour soi, alors, existe-t-il d’autres formes d’action politique qui aient une efficacité semblable ? Pour le dire clairement, faudrait-il nécessairement se suicider pour faire bouger les choses ?
Voici la position de Hannah Arendt sur la question : http://psychanalysesuicide.free.fr/?p=105. Pour l’auteur, l’acte a une valeur fondatrice dans le discours, il pose la première pierre d’une construction. Un acte « individuel » est inconcevable, le sujet émerge à partir de son statut de citoyen. L’acte d’un sujet est inscrit dans l’histoire de la cité et il répond au discours politique qui en a donc été la condition d’émergence. Selon ce point d’Arendt, Lucrèce est le prototype même du suicide politique.
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