La dimension collective au travail compte autant que la dimension individuelle (Pr Debout)

Le Pr Michel Debout prend position en faveur d’un « observatoire des conduites violentes » pour développer une « médecine de la perte d’emploi ». 
Serge Carnasse a interviewé le Pr Michel Debout, président de l’Union Nationale pour la Prévention du Suicide, au mois d’avril 2012. Voici un résumé succinct de ses propos. Continuer la lecture de « La dimension collective au travail compte autant que la dimension individuelle (Pr Debout) »

L'état doit payer

La crise financière européenne serait-elle un nouveau jour qui se lèverait sur le champ de la compréhension du suicide ? La presse relaie-t-elle une thématique nouvelle en matière de suicide ? Il semblerait qu’une nouvelle dimension du suicide vienne d’émerger. Certains suicides seraient un appel à ce que l’état assure la survie des citoyens. Il s’agirait de se faire payer ou mourir.
La presse se fait le relais d’annonces centrées par l’idée que la crise financière européenne alimenterait le suicide, en augmentant sa fréquence. De fait, les articles se focalisent sur qui cela peut-il toucher. Quelles sont les personnes concernées par la crise qui seraient plus sensibles à l’idée du suicide ? Continuer la lecture de « L'état doit payer »

Le suicide reconnu comme maladie professionnelle

L’Assurance Maladie a requalifié le suicide d’un salarié de France Telecom Orange en maladie professionnelle. Le comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles de Besançon dans le Doubs vient de reconnaître que le suicide de Nicolas Grenoville, un employé de France Télécom, est bien « d’origine professionnelle ». Continuer la lecture de « Le suicide reconnu comme maladie professionnelle »

Heinrich von Kleist ou le suicide romantique, documentaire de Arte

Arte video nous offre un documentaire fiction sur le suicide d’un couple romantique. Un écrivain et son amie au bord d’un lac. Heinrich von Kleist et Henriette Vogel.
L’introduction sur le site de Arte : « Le public français connaît de Kleist son théâtre – Le prince de Hombourg, La cruche cassée, La petite Catherine de Heilbronn ou encore Penthésilée – autant que sa fin tragique. Le double suicide de l’écrivain, alors âgé de 34 ans, et de son amie Henriette Vogel au bord d’un lac près de Berlin, a défrayé la chronique au XIXe siècle en Allemagne comme à l’étranger. Pourtant, la décision du grand romantique d’en finir avec la vie n’est pas si étonnante pour qui connaît son oeuvre : soif d’absolu, refus des compromis, voyages perpétuels, quête d’un amour impossible, difficulté à s’assumer au sein de la société… Ses héros sont des possédés, des fous, des rêveurs qui interpellent toujours le spectateur d’aujourd’hui ».
La vidéo sur le site de Arte
 

"Il n'y a d'acte que d'homme", Lacan 05 février 1964

« La répétition apparaît d’abord sous une forme qui n’est pas claire, qui ne va pas de soi, comme une reproduction ou une présentification, en acte. Voilà pourquoi j’ai mis L’acte avec un grand point d’interrogation dans le bas du tableau, afin d’indiquer que cet acte restera, à notre horizon.

Il est assez curieux que ni Freud, ni aucun de ses épigones, n’ait jamais tenté de se remémorer ce qui est pourtant à la portée de tout le monde concernant l’acte – ajoutons humain, si vous voulez, puisque à notre connaissance, il n’y a d’acte que d’homme. Pourquoi un acte n’est-il pas un comportement ? Fixons les yeux, par exemple, sur cet acte qui est, lui, sans ambiguïté, l’acte de s’ouvrir le ventre que dans certaines conditions – ne dites pas hara-kiri, le nom est seppuku. Pourquoi font-ils ça ? Parce qu’ils croient que ça embête les autres, parce que, dans la structure, c’est un acte qui se fait en l’honneur de quelque chose. Attendons. Ne nous pressons pas avant de savoir, et repérons ceci, qu’un acte, un vrai acte, a toujours une part de structure, de concerner un réel qui n’y est pas pris d’évidence.

Wiederholen. Rien n’a plus fait énigme – spécialement à propos de cette bipartition, si structurante de toute la psychologie freudienne, du principe du plaisir et du principe de réalité – rien n’a plus fait énigme que ce Wiederholen, qui est tout près, aux dires des étymologistes les plus mesurés, du haler – comme on fait sur les chemins de hala­ge – tout près du haler du sujet, lequel tire toujours son truc autour d’un certain che­min d’où il ne peut pas sortir ».

Lacan J., Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, coll. Points essais, 1973, séance du 05 février 1964, p. 60

Suicide et activité professionnelle, rapport de l'INVS

Les premières données statistiques sur le suicide au travail viennent de sortir. Elle sont présentées par C. Cohidon, B. Geoffroy-Perez, A. Fouquet, C. Le Naour, M. Goldberg et E. Imbernon (INVS : Institut National de Veille Sanitaire) dans un rapport intitulé : « Suicide et activité professionnelle en France, premières exploitations de données disponibles ».
L’avantage de la « science » statistique, c’est de permettre, grâce à la manipulation des chiffres, de dire que le nombre de suicides au travail n’a pas augmenté quand l’opinion publique a l’intuition du contraire ! Et de prétendre en plus que cette assertion est vraie, scientifique, argumentée et par là même, prouvée !
Derrière cet énorme écran de fumée, remarquez bien une chose : ce rapport n’aborde surtout pas la question de savoir pourquoi les gens pourraient-ils bien se suicider à cause de leur travail ?
En psychanalyse, au contraire, nous ne donnons pas notre langue au chat. Nous tournons notre langue dans notre bouche et puis nous tentons de dire pourquoi une personne tente de mourir.
Voici la conclusion du rapport de l’INVS :

« La conduite suicidaire est un processus complexe et multifactoriel. S’il est aujourd’hui difficile de comptabiliser le
nombre exact de suicides en lien avec le travail, il existe néanmoins certaines données permettant d’approcher cette
problématique. Cette étude a pour objectif de décrire la mortalité par suicide et son évolution au cours du temps
dans la population des salariés (hommes) selon les secteurs d’activité auxquels ils appartiennent.
La description de la mortalité par suicide provient du projet Cosmop du Département santé travail de l’InVS.
Il s’appuie sur les données issues du panel DADS (Déclaration annuelle des données sociales) de l’Insee
(Institut national de la statistique et des études économiques) couplées aux causes médicales de décès du CépiDc
(Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès) de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche
médicale). Les taux de mortalité par suicide (standardisés sur l’âge) ont été calculés chaque année de 1976 à 2002
selon le secteur d’activité de l’employeur et le groupe socioprofessionnel du salarié.
Sur la période 1976-2002, le taux standardisé de mortalité par suicide est estimé à 25,1/100 000 (en population
ce taux est de 33,4/100 000, même standardisation). On ne constate pas d’évolution notable au cours du temps.
En revanche, les taux de mortalité diffèrent sensiblement selon les secteurs d’activité. Le secteur de la santé
et de l’action sociale présente le taux de mortalité par suicide le plus élevé (34,3/100 000) puis viennent ensuite
les secteurs de l’administration publique (en dehors de la fonction publique d’État) (29,8/100 000), de la construction
(27,3/100000) et de l’immobilier (26,7/100 000). L’analyse par groupe socioprofessionnel montre des taux de mortalité
près de trois fois plus élevés chez les employés et surtout chez les ouvriers par rapport aux cadres.
Cette étude montre des inégalités de mortalité par suicide selon les secteurs d’activité. On observe, en revanche,
une relative stabilité dans le temps dans cette population au travail entre 1976 et 2002, superposable à l’évolution
observée en population générale. Malgré certaines limites (en particulier l’absence de la population d’étude
de salariés de la fonction publique d’État) cette étude permet de proposer une première approche des liens entre suicide et activité professionnelle en France ».

Consulter le Rapport de l’INVS : « Suicide et activité professionnelle en France, premières exploitations de données disponibles »

Des filles en noir

Réalisé par Jean-Paul Civeyrac. Avec Léa Tissier, Elise Lhomeau, Elise Caron… 2009 Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
Résumé : Noémie et Priscilla, deux adolescentes de milieu modeste, nourrissent la même violence, la même révolte contre le monde. Elles inquiètent fortement leurs proches qui les sentent capables de tout…

« La vie intérieure des deux filles est largement insatisfaite : elles ne trouvent pas dans le réel qui les entoure de quoi s’alimenter. Il y a en elles un besoin d’infini, d’absolu, qui ne peut se mesurer qu’à l’idée de la mort, à de l’extrême. En même temps, les deux filles tiennent un discours très critique, politique, sur la société. Et, en effet, on voit bien aujourd’hui que les jeux violents des adolescents répondent aussi à une débâcle sociale, au fait qu’il n’y a pas d’entrée dans la vie. Le film essaie de témoigner de ces deux dimensions. Il n’est pas inspiré d’un fait divers à proprement parler, mais s’appuie sur beaucoup d’histoires réelles… « ,

Jean-Paul Civeyrac – Extrait du dossier de presse, Téléchargez le dossier de presse




Le suicide a-t-il une signification politique ?


Que le suicide ait une signification politique, c’est ce que nous pourrions envisager en apprenant le décès de Mohamed Bouazizi par le feu (et celui d’au moins cinq de ses camarades en trois semaines). Et surtout depuis que, de fil en aiguille, après ce suicide, manifs après manifs, morts après morts, Ben ali a quitté le pouvoir.
Suicide par le feu….. le feu aux poudres….. La poudre explose……
Le rapprochement ne serait-il pas trop simple à établir ? Un suicide a-t-il vraiment des effets politiques ? Dans quelle conditions, s’il y en a ?
Nous voyons immédiatement le dilemme. Si seule une certaine forme d’action publique, par le sacrifice de soi, permet d’obtenir des effets réels, des effets concrets dans la réalité politique commune et pas seulement pour soi, alors, existe-t-il d’autres formes d’action politique qui aient une efficacité semblable ? Pour le dire clairement, faudrait-il nécessairement se suicider pour faire bouger les choses ?
Voici la position de Hannah Arendt sur la question : http://psychanalysesuicide.free.fr/?p=105. Pour l’auteur, l’acte a une valeur fondatrice dans le discours, il pose la première pierre d’une construction. Un acte « individuel » est inconcevable, le sujet émerge à partir de son statut de citoyen. L’acte d’un sujet est inscrit dans l’histoire de la cité et il répond au discours politique qui en a donc été la condition d’émergence. Selon ce point d’Arendt, Lucrèce est le prototype même du suicide politique.
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Questions de M. Magnaudeix autour d'un suicide à La Poste

Mathieu Magnaudeix a mené l’enquête à La Poste après une série de suicide jusqu’à il y a encore très peu de temps… C’est un document important qui retrace un historique détaillé de la crise en cours.
En voici juste le premier paragraphe :  » Un suicide garde toujours une part de mystère. Mais Robert Palpant aurait-il mis fin à ses jours à cause de son travail? Depuis lundi, date à laquelle ce suicide a été révélé par Europe-1, La Poste et la famille de ce postier de Vitrolles (Bouches-du-Rhône), un homme de 55 ans marié et père de deux enfants, avancent deux versions différentes pour expliquer le geste de ce caissier, qui s’est jeté sous un TGV samedi dernier. Ses funérailles ont lieu ce jeudi à Marignane.
La CGT des Bouches-du-Rhône relie clairement ce suicide aux conditions de travail et dénonce un mal-être grandissant dans l’entreprise, pointé en mai dernier de façon solennelle par des médecins du travail dans une lettre au président Jean-Paul Bailly. »
Pour lire la suite de l’article de M. Magnaudeix, cliquer ici sur ce lien
Un article de 2008 du blog sur le sujet : http://psychanalysesuicide.free.fr/?p=242